Cinéma

La 12e édition du Champs-Élysées Film Festival vire au queer

Affiche du Champs-Élysées Film Festival

© Eve Arnold, Magnum Photos / Design graphique Alain Bourdon

 

Une célébration de la liberté, un regard sur l’intime et une réinvention de l’amour. Pour sa 12e édition, du 20 au 27 juin 2023, une bonne partie de la programmation du Champs-Élysées Film Festival vire au queer. Les dates de ce rendez-vous incontournable du cinéma indépendant américain et français coïncident avec le week-end de la marche des fiertés LGBTQIA+. Une vingtaine de films qui arborent la diversité sexuelle et un invité d’honneur, chantre du queer art, annoncent la couleur d’une semaine stimulante. Voici nos coups de cœur !

 

La cérémonie d’ouverture, le 20 juin à 19h à l’UGC Normandie, projettera en avant-première le film Passages du réalisateur américain et invité d’honneur du festival Ira Sachs. Ce long métrage livre l’histoire de Tomas, qui vit avec Martin, et qui entame une liaison avec Agathe. Un triangle amoureux s’ébauche sans que cela pose un problème. Sauf que leurs rapports deviennent de plus en plus difficiles. Tomas devra faire un choix… Passages est porté par le trio d’acteurs Adèle Exarchopoulos, Franz Rogowski et Ben Whishaw.

 

Ira Sachs et Eliza Hittman, invités d’honneur

La filmographie d’Ira Sachs comprend Frankie (2019), Brooklyn Village (2016), Love is Strange (2014), Keep the Lights On (2012), Forty Shades of Blue (2005) et son premier long métrage The Delta (1996). Il est également le directeur et fondateur de Queer Art. Cette association soutient les artistes LGBTQI+ dans les domaines du cinéma, du spectacle vivant, de la littérature et des arts visuels. Ce réalisateur est l’un des principaux représentants du cinéma indépendant américain. Ces films bouleversants sont des œuvres d’une grande sensibilité, intimes et politiques.

 

Le Champs-Élysées Film Festival organise une conversation avec Ira Sachs modérée par le journaliste et critique Romain Burrel. Le court-métrage Lady (1993) précèdera cette rencontre. Ce film brosse le portrait flamboyant d’une artiste et pose la question « est-ce une femme jouant un homme gay jouant une femme ? ». Le festival dédie aussi un cycle de quatre films en sa présence. Le réalisateur sera présent lors de toutes les projections de ses films.

 

Le film Keep theLights On raconte l’histoire d’Érik et Paul. L’un est réalisateur de documentaires. L’autre, avocat. Tous deux sont homosexuels, l’un assumant, l’autre pas.  Dans le court-métrage Last adresse (2010), Ira Sachs filme les dernières adresses résidentielles d’artistes new-yorkais victimes du sida. The Delta relate la brève aventure entre un riche adolescent et un jeune homme d’origine vietnamienne.

 

Eliza Hittman est une réalisatrice, scénariste et productrice originaire de New York. Son dernier film Never Rarely Sometimes Always (2020) a remporté l’Ours d’argent de la Berlinale. Parmi les 5 films que le festival va projeter se trouve Beaches rats (2017). Dans ce long métrage, un adolescent paumé entame une relation avec une jeune fille de son âge, mais flirte également avec des hommes plus âgés sur internet. Il va devoir lutter pour concilier ses désirs antagonistes.

 

Sélection américaine et Girl Power

Les protagonistes des films de la sélection américaine peinent à faire résonner leur voix dans une société trop souvent antagoniste à leur identité de genre, identité culturelle et identité de classe. Ces œuvres interrogent le rapport à soi-même et la fragile capacité à être empathique. Kokomo City (D. Smith, 2022) décrit les vies de quatre travailleuses du sexe trans et noires. Elles confrontent la dichotomie entre la communauté noire américaine et leurs propres identités. Dans Mutt (VukLungulov-Klotz, 2023), trois personnes du passé de Feña, avant sa transition de femme à homme, refont surface : son père étranger, son ex-petit ami et sa demi-sœur de 13 ans.

 

Rage de vivre, résistance, rébellion et liberté sont les mots d’ordre de la section Girl Power. Une sélection de cinq longs métrages français et américains interrogeant l’empowerment. Ces cinq puissants regards féminins incarnent un phénomène culturel et artistique qui n’a jamais cessé d’exister et d’inspirer des générations entières d’artistes et de cinéastes.

 

Histoire du lesbianisme (History lessons, Barbara Hammer, 2000, Etats-Unis) ; une voleuse en liberté provisoire et son amante (Bound, Lilly Wachowski et Lana Wachowski, 1996, Etats-Unis) ; féminisme qui revendique une liberté sexuelle totale (Mutantes, Virginie Despentes, 2009, France) ; drogue, sexe et délinquance (Thirteen, Catherine Hardwicke, 2003, Etats-Unis) ; une cascadeuse tombe amoureuse de la star qu’elle double (Split, Iris Brey, 2023, France, avant-première de deux épisodes)… Les sujets sont aussi variés qu’alléchants.

 

Le cœur de la création

Au total, plus de 70 films seront projetés durant cette semaine de découvertes humaines et artistiques. Le Balzac, Le Lincoln, Publicis Cinéma, le Gaumont Pathé Champs-Élysées Marignan et l’UGC Normandie sont les salles partenaires du festival. Fondé en 2012 par la productrice, distributrice et exploitante Sophie Dulac, Champs-Élysées Film Festival rassemble le temps d’une semaine le cœur de la création cinématographique contemporaine.