Bestiaire japonais : le rapport unique des nippons avec les animaux

Exposition Bestiaire japonais

Collection du Edo-Tokyo Museum
  • Exposition Un bestiaire japonais. Vivre avec les animaux à Edo-Tokyo (18e-19e siècles)
  • Maison de la culture du Japon, Paris 15e
  • Jusqu’au 21 janvier 2023

Donner un nom à un phoque égaré dans une rivière et inviter les gens à venir le voir en foule… Ou encore, nommer un vulgaire chat de gouttière chef de gare sur une ligne de chemin de fer nationale. Ces deux anecdotes, seuls les Japonais peuvent les raconter. Les liens qui unissent les nippons aux animaux viennent de loin. Jusqu’au 21 janvier 2023, la Maison de la culture du Japon (15e) dévoile l’exposition Un bestiaire japonais. Vivre avec les animaux à Edo-Tokyo (18e-19e siècles). Un regard tendre et plein d’indulgence envers nos amis les bêtes.

 

Les habitants de la ville d’Edo, l’actuelle Tokyo, considéraient les animaux comme des « êtres vivants » au même titre qu’eux-mêmes. Ils utilisaient le suffixe honorifique « san », équivalent à « Monsieur/Madame » pour s’adresser à eux. « Au cours de mes nombreuses courses en pousse-pousse, j’ai remarqué avec quel soin les conducteurs évitaient chats, chiens et poules présents sur la route. Je n’ai jusqu’ici jamais été témoin de manifestation de colère ou de mauvais traitement envers les animaux ».

 

L’exposition Bestiaire japonais ouvre avec cette citation du naturaliste américain Edward S. Morse, arrivé au Japon en 1877. Elle réunit plus d’une centaine d’œuvres variées, pour certaines remarquables. Estampes polychromes, documents historiques, ustensiles quotidiens, peintures, éléments d’ornement et jouets… Le public peut ainsi appréhender la symbiose entre l’homme et l’animal et l’attention portée à l’environnement naturel qui régnaient dans la ville d’Edo.

 

Un parcours en cinq sections

« Notre objectif est d’évoquer ce lien oublié entre les hommes et les animaux, et d’en garder la trace, comme une mémoire de la ville ». Ce sont les mots des trois commissaires de l’exposition et conservatrices au Edo- Tokyo Museum : Shûko Koyama, Tomoko Kawaguchi et Naoko Nishimura. Le parcours de l’exposition se déploie à travers un prologue « Les Japonais et les animaux vus par les étrangers » et cinq sections : les animaux d’Edo, les animaux domestiqués, les animaux sauvages, les animaux rares, et les animaux dans les arts décoratifs.

 

Les habitants d’Edo aimaient s’entourer d’animaux de compagnie tels que chiens, chats, cailles ou lapins. Les animaux rares et exotiques étaient également une source de fascination. Importés de l’étranger, les éléphants, tigres et chameaux attiraient les foules dans des attractions foraines. Écouter le chant des grillons ou ramasser des coquillages à marée basse faisaient partie de leurs activités saisonnières. Les motifs animaliers ornaient nombre de kimonos, objets du quotidien et jouets. Certains animaux tels que la carpe et la souris étaient des porte-bonheurs.

 

Un surprenant écriteau présent dans l’exposition fait suite à une Ordonnance édictée par le 5e shogun Tsunayoshi (1646 – 1709). Cette pancarte en bois disposée aux carrefours de la ville interdisait d’abandonner les chevaux. « Toute personne qui aura laissé un animal malade parce qu’il ne peut guérir sera punie de mort ». Voilà une belle leçon de compassion envers les animaux !