La mexicanité et la mode : Frida Kahlo, au-delà des apparences

Exposition Frida Kahlo Paris

Scénographie de l'exposition / © Laurent JULLIAND

 

Incontournable : l’exposition de Frida Kahlo à Paris. Le nom et le prénom sont allemands. En revanche, la vie et l’œuvre de Frida Kahlo sont profondément ancrées dans son Mexique natal. Parcourir ses tableaux, fouiller dans sa pensée, pénétrer dans la Casa Azul, scruter son style vestimentaire… Tout conduit sans détour vers sa mexicanité. Le Palais Galliera lui consacre l’exposition Frida Kahlo, au-delà des apparences. Elle survole son parcours de vie et se pose sur la construction de son identité à travers ses vêtement et accessoires. Jusqu’au 5 mars 2023, vous avez l’opportunité de contempler cette artiste unique, transgressive et inoubliable sous un angle nouveau.

 

Frida Kahlo, au-delà des apparences rassemble plus de 200 objets provenant de la Casa Azul, la maison où Frida est née et a grandi. Vêtements, correspondances, accessoires, cosmétiques, médicaments, prothèses médicales… Mais aussi, robes traditionnelles, colliers précolombiens, exemplaires de corsets et de prothèses peints à la main. Cette précieuse collection est présentée, pour la première fois en France, avec des films et photographies de l’artiste.

 

Les origines et l’héritage culturel 

Magdalena Carmen Frida Kahlo y Calderón est née en 1907. Sa mère était métisse d’origine indigène et espagnole. Son père, émigré allemand. Depuis petite, elle montre une sensibilité artistique hors norme. Et un engagement politique sans faille. Elle n’hésite pas à falsifier sa date de naissance. Elle devient ainsi une fille de la révolution mexicaine de 1910. Et encore, elle change l’orthographe de son prénom par Frieda, la paix en allemand, après l’arrivé de nazis au pouvoir.

 

Frida Kahlo a compris très tôt que son apparence constituait un moyen d’exprimer ses préoccupations identitaires et politiques. C’est à la suite d’un grave accident, survenu à l’âge de 18 ans, que Frida se consacre à la peinture et adopte le vêtement traditionnel. Les tenues régionales lui permettent d’affirmer sa mexicanité, mais aussi de composer avec son handicap. Elle s’identifie particulièrement aux femmes de Tehuantepec et à leur culture matriarcale : blouses brodées, jupes longues, coiffures élaborées et leurs rebozos (châles tissés). Elle y ajoutait des éléments d’autres endroits du Mexique et divers accessoires, y compris précolombiens.

 

L’exposition de Frida Kahlo à Paris retrace la manière dont l’artiste a façonné son image nourrie par son héritage culturel et par son expérience du genre et du handicap. Frida Kahlo a joué un rôle de pionnière. Dès son plus jeune âge, elle a développé une profonde compréhension du pouvoir des vêtements et des accessoires dans la construction de son identité en tant que femme et artiste.

 

La Casa Azul

La Casa Azul est l’autre des expressions essentielles de la dévotion de Frida Kahlo à la mexicanité. Elle y nait, habite la majeure partie de sa vie et meurt en 1954. Avec son mari Diego Rivera, ils transforment leur maison en un microcosme du Mexique. Ils la remplissent d’objets reflétant leur attachement à tout ce qui était mexicain : l’art populaire, les sculptures préhispaniques, les peintures votives… Plusieurs vidéos projetées lors du parcours sont particulièrement éclairantes.

 

La visite de l’exposition de Frida Kahlo à Paris se prolonge avec une exposition-capsule dans le Salon d’honneur. Jusqu’au 31 décembre 2022, cette dernière pièce aborde l’influence de l’artiste sur la mode contemporaine. Et la façon dont elle demeure, encore de nos jours, une icône et une source d’inspiration pour les designers. Alexander McQueen, Jean Paul Gaultier, Karl Lagerfeld, Riccardo Tisci, Maria Grazia Chiuri ou Rei Kawakubo… Tous les vêtements exposés forment un répertoire visuel à propos du traumatisme, du handicap, de l’ethnicité, de l’identité sexuelle et de la politique.

 

De son vivant, Frida Kahlo était déjà un symbole du Mexique à l’étranger. Son originalité artistique correspondait à la volonté d’affirmation nationaliste du Mexique postrévolutionnaire. Et aujourd’hui, presque 70 ans après sa mort, il est impossible de délier la portée de sa figure du Mexique contemporain. Cependant, cela fait déjà longtemps qu’elle a transcendé les frontières de son pays pour devenir une icône culturelle de renommée mondiale. L’exposition Frida Kahlo, au-delà des apparences ainsi l’atteste.