Exposition

Hiroshigue et l’éventail : du simple accessoire à l’objet d’art

Image de l'exposition Hiroshigue et l'éventail

Image de l'exposition / © Photo : PARISCOSMOP

 

Oui, un simple éventail peut devenir un objet d’art raffiné. Et cela grâce à la signature d’artistes célèbres. Au Japon, l’un des plus grands imagiers du 19e siècle a fait des feuilles d’éventails un support d’expression privilégié. Hiroshigue et l’éventail, la nouvelle exposition du Musée Guimet (16e), dévoile un ensemble de pièces uniques du maître nippon Utagawa Hiroshige (1797-1858). Jusqu’au 29 mai, la délicatesse des couleurs et des formes vont faire voyager le public dans le temps et l’espace sous un vent favorable.   

 

Sites célèbres de la ville d’Edo (aujourd’hui Tokyo), paysages de provinces japonaises, subtiles compositions de fleurs et d’oiseaux, portraits féminins, images parodiques, scènes historiques et littéraires… Ces représentations sont marquées par les saisons, par des moments particuliers de la journée, des rituels ou des fêtes. Hiroshigue a réalisé plus de 650 estampes entre 1830 et 1850. L’exposition Hiroshigue et l’éventail invite à en découvrir près d’une centaine.

 

Les feuilles d’éventails comptent parmi les plus rares et les plus élaborées de l’œuvre gravé de Hiroshige. Peu d’entre elles sont parvenues jusqu’à nous. Objets jetables, ces éventails ont pour la plupart disparu. Les estampes exposées au musée des arts asiatiques Guimet, non découpées et dans leur premier tirage, n’ont jamais été montées sur leur armature. Elles proviennent de la Fondation Georges Leskowicz, qui possède l’une des plus belles collections de ce genre au monde.

 

Un support d’expression et de créativité

Accessoire saisonnier et éphémère, l’éventail plat en bambou (uchiwa) se popularisa au Japon à la fin du 18e siècle. Il devient l’un des supports d’expression de la créativité des maîtres de l’école picturale japonaise ukiyo-e. Ce sont les estampes pour éventails plats qui révèlent particulièrement l’inventivité et la créativité d’Hiroshigue. Les vues de sites célèbres de la ville d’Edo et les paysages des provinces du Japon représentent plus de la moitié des sujets connus de l’artiste. Il les dessine avec une grande fidélité documentaire.

 

Lorsqu’ils étaient signés par des artistes célèbres, les éventails d’Edo étaient proposés à la devanture des marchands d’estampes et de livres illustrés. Leur prix était modeste, de 12 à 16 mon, équivalent à un bol de nouilles. Les plus chers étaient les portraits d’acteurs des pièces de théâtre à succès.

 

La production des éventails imprimés se poursuit à l’époque de Meiji (1868-1912). Ils deviennent alors un produit d’exportation très apprécié par les artistes européens. Quelques impressionnistes, notamment Whistler ou Monet, ont reproduit cet objet exotique dans leurs tableaux japonisants à partir des années 1860.