Un voyage introspectif entre corps et surnaturel par-delà les frontières et le temps. Médecines d’Asie, l’art de l’équilibre est la première exposition majeure consacrée en France aux traditions médicales indienne, chinoise et tibétaine. Jusqu’au 18 septembre, le musée Guimet (16e) transporte le visiteur dans un univers où se rencontrent pratiques médicales millénaires et œuvres d’art exceptionnelles. Méditation, chamanisme, pharmacopée, massage, acupuncture, astrologie, exorcisme… Tout un art de l’équilibre !
Alors que la médecine occidentale traite avant tout la maladie, les médecines d’Asie entretiennent la bonne santé. En Chine, en Corée et au Japon, le bon médecin n’est pas celui qui a vaincu la maladie, mais plutôt celui qui réussit à éviter que son patient tombe malade. Bien que préventives, les médecines d’Asie ont pourtant développé des diagnostics, des traitements et une approche globale. Cette dernière, dite holistique, prend en compte le corps et l’esprit dans un tout qui relie le patient à l’univers qui l’entoure.
La relation entre soin et sacré est sans doute à l’origine du lien unissant la médecine et l’art. L’équilibre des énergies vitales, principe fondamental de toutes les médecines orientales, a donné lieu à de multiples œuvres d’une grande force esthétique et d’une haute portée spirituelle. Nombre de représentations, d’objets de médecine ou de culte comptent parmi les créations les plus remarquables de l’art asiatique. Ce dialogue entre l’art et le soin par-delà les différentes traditions médicales est l’énergie conductrice de l’exposition Médecines d’Asie, l’art de l’équilibre.
Un parcours en quatre sections
La première partie de l’exposition présente les aspects fondamentaux des médecines indienne, chinoise et tibétaine. Le visiteur découvre la mythologie, l’histoire et le développement de traditions médicales fondées sur les équivalences entre infiniment grand et infiniment petit. Le voyage se poursuit par la présentation du panthéon des divinités liées à la médecine. Elles incarnent les concepts de maladie ou de guérison et rappellent les liens entre santé et spiritualité.
La deuxième salle est conçue comme une apothicairerie rêvée. Elle présente la pharmacopée, l’acupuncture et la moxibustion (stimulation par la chaleur). Entre officine de pharmacie et cabinet de curiosité, cette partie expose des mannequins d’acupuncture, des plantes médicinales et des boîtes à médicaments. Elle aborde également les techniques de traitement telles que le massage et les pratiques énergétiques (qi gong, tai chi, yoga). Et dans une salle dédiée à l’introspection, le visiteur peut se livrer à un exercice de méditation.
Les médecines asiatiques se préoccupent aussi de l’esprit et de la psyché. Astrologie, charmes, rituels, amulettes et vêtements talismaniques permettent de lutter contre les affections de l’âme. Dans cette troisième partie, neuf divinités astrales guident le visiteur dans les méandres de l’inconscient. Deux alcôves, consacrées au chamanisme et à l’exorcisme, invitent à un tête-à-tête avec les médecines du surnaturel. Une autre section est dédiée à la protection symbolique des enfants.
La popularité et l’efficacité des médecines asiatiques sont aujourd’hui indéniables. La dernière partie de l’exposition évoque le dialogue médical entre l’Orient et l’Occident depuis le 16e siècle. Un singulier mannequin d’acupuncture japonais révèle l’intérêt porté par l’Occident aux techniques de soins asiatiques. En écho, un exceptionnel et troublant rouleau peint japonais illustre la dissection scientifique d’un corps humain. Il dévoile le désir de compréhension manifesté par l’Orient à l’égard de la médecine occidentale.