Ils ont assumé ouvertement leur orientation sexuelle à une époque où cela était plus compliqué qu’aujourd’hui. Du 16 juin au 11 août, l’accrochage Rose Antique offre 30 témoignages de la première génération LGBTQIA+. 30 portraits de personnes lesbiennes, gay, bisexuelles, transgenres, queer, intersexes et asexuelles à avoir osé assumer publiquement leur identité aux Pays-Bas et ailleurs. Les grilles extérieures de la Cité internationale universitaire (17 bv. Jourdan, 14e) accueillent ce travail photographique remarquable de l’artiste néerlandais Ernst Coppejans. Juste bluffant !
L’exposition Rose antique raconte des histoires personnelles, intimes, un peu choquantes parfois, mais toujours belles. Toutes les personnes photographiées ont plus de 70 ans et ont des origines néerlandaise ou d’ailleurs. L’exposition en plein air coïncide avec la Marche des fiertés de Paris qui aura lieu le 24 juin. D’ailleurs, cette série a été présentée pour la première fois à la Pride d’Amsterdam en 2021. Elle fait partie aujourd’hui des archives de la ville car considérée comme une partie importante de l’héritage culturel de la capitale des Pays-Bas.
3 des 30 modèles
Jill est née en Indonésie en 1939. Elle a travaillé comme danseuse et travailleuse du sexe à Paris, Berlin et Amsterdam. « J’ai entendu parler pour la première fois du docteur Burou de Casablanca à Paris. La plupart de médecins demandaient des années de tests psychologiques avant de vous soumettre à une opération de changement de sexe. Le docteur Burou était le seul à le faire pour 10 000 dollars sans faire d’histoires. Il était un homme gros et grossier mais très doux. Le jour où je me suis allongé sur sa table d’opération après avoir économisé plusieurs années, il m’appelait encore monsieur. Quand je me suis réveillé, il m’a appelé mademoiselle ».
Mees est né au Pays-Bas en 1945. Il a fait des études en psychologie et a travaillé comme consultant. « J’ai fait mon coming out deux fois. La première fois en tant que lesbienne et des années plus tard en tant que trans. Je n’avais jamais pensé à changer de sexe. […] Cela fait 9 ans que je l’ai fait, j’avais 69 ans. Je suis donc un tout nouveau trans, ce qui est probablement exceptionnel à mon âge. J’ai demandé à ma chirurgienne si j’étais le plus âgé qu’elle avait opéré, mais ce n’était pas le cas ».
Martin est née à Purmerend (Pays-Bas) en 1946. Danseur de ballet et artiste. « J’ai grandi à Purmerend [ville au nord d’Amsterdam, NDLR]. J’ai eu un copain très tôt. Enfant, je jouais déjà avec des bites, haha. Je les ai aussi ramenées à la maison. Plus tard, j’ai eu une liaison avec un garçon d’un village voisin. […] Je ne craignais pas de le dire à mes parents. Comment l’ai-je fait ? J’ai simplement dit : je suis gay. Ma mère a dit que c’était mon propre choix. En fait, elle l’avait déjà vu. Et mon père ? Oh, il voulait juste sa cigarette. C’était un homme calme, un jardinier. Il pensait également qu’il n’y avait aucun souci ».
Le photographe
En tant qu’artiste, portraitiste et photographe documentaire, le travail d’Ernst Coppejans s’efforce de mettre en lumière les complexités de la société. Il attire l’attention sur les problèmes de discrimination, d’exclusion et de préjugés à travers une approche intime et humaniste. « Ces sujets ont une résonance personnelle, étant moi-même homosexuel. Chaque image que je capture est un témoignage de la résilience de l’esprit humain et une représentation visuelle de la beauté et de la diversité de notre monde. […] Je m’efforce de susciter des conversations empathiques qui engendrent la compréhension et inspirent un changement positif ».
Ernst Coppejans a conçu ce travail photographique en collaboration avec l’Open Mind Foundation et l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (SST). L’ambassade du Royaume des Pays-Bas en France a initié et rendu possible l’accrochage à Paris. Une exposition qui vaut bien le détour !