Faire humanité ensemble, le défi du Palais de Tokyo

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Turiya Magadlela, Mashadi would say it goes on and on and on..., de la série Four Five, 2019 / © PARISCOSMOP

Un monde qui n’a définitivement plus de centre… Imaginaires non plus nationaux mais bien continentaux… Artistes qui font passer des frontières… En ces temps de mise en lumière d’une multitude d’injustices, d’inégalités et de violences, l’Ubuntu ou la question de «faire humanité ensemble» s’installe au cœur des revendications sociales, politiques, économiques et écologiques. Jusqu’au 20 février 2022, le Palais de Tokyo (16e) remet l’humain au centre avec l’exposition polyphonique et plurielle Ubuntu, un rêve lucide.

Cette exposition réunit les propositions de 19 artistes rarement montrés en France ou qui le sont pour la première fois. La plupart vient d’Afrique: Zimbabwe, Cameroun, Madagascar,  Kenya, Zambie, Botswana, Ghana et Afrique du Sud. Mais aussi de Colombie, États-Unis, Brésil et Portugal. Leurs gestes artistiques, tels des actes de résistance, entrent en résonance avec la philosophie Ubuntu et cherchent à aborder cette pensée de la réciprocité comme une ressource, un espace d’invention ou de médiation du monde réel.

Les artistes déploient un riche archipel d’idées, de médiums et travaux inédits pour creuser dans la colonisation des territoires et des corps, la répartition inégale des richesses et des pouvoirs, les crises migratoires, les situations d’oppression, la transformation de nos rapports à la nature, les violences envers les communautés LGBTQI+… Mais surtout, ils cherchent à questionner nos représentations et notre relation à l’autre.

Le parti-pris de l’exposition est de réunir des artistes susceptibles d’avoir des points de vue et des perspectives critiques. Ces créateurs produisent avec toutes les cultures qui les habitent et à partir d’une expérience souvent double, parfois heurtée, de migration ou de transfert. Qu’elles soient inspirées par la littérature, la poésie, l’anthropologie, les recherches coloniales ou encore la musique, leurs expérimentations artistiques tissent les fils de récits alternatifs et dessinent les perspectives d’un horizon commun réinventé.

Ubuntu, ce terme issu des langues bantoues du Sud de l’Afrique, désigne une philosophie humaniste fondée sur l’idée d’interdépendance des liens entre tous les vivants. Elle peut être interprété ainsi: «Je suis parce que Nous sommes». Cette notion est l’une des rares caractéristiques des sociétés africaines à avoir survécu aux six cents ans d’esclavagisme, de colonialisme et d’impérialisme qui ont déstabilisé les sociétés et sapé les cadres traditionnels de la transmission des savoirs.

La pensée Ubuntu n’est pas spécifique à un continent. Elle s’est déployée dans le monde et a fondé les rêves d’émancipation collective et solidaire depuis les périodes sombres de la traite atlantique aux mouvements de libération, des expériences postcoloniales aux soulèvements contemporains. Parce que l’Ubuntu symbolise le lien tissé entre tous les hommes, il a été employé et largement popularisé par Nelson Mandela pour dépeindre un idéal de société opposé à la ségrégation durant l’Apartheid puis pour promouvoir la réconciliation nationale en Afrique du Sud.

 

Infos pratiques

 

13, avenue du Président Wilson 75016 Paris
Jusqu’au 20 février 2022
Site internet