Zanele Muholi réécrit une histoire visuelle queer et trans noire

Photo by Zanel Muholi

Julie I, Parktown, Johanessburg, 2016 / © Zanele Muholi

 

« Zanele Muholi se définit en tant que non-binaire et souhaite être présenté·e par l’emploi des pronoms neutres iel (sujet) et ellui (complément) », nous prévient le dossier de presse. Cette déclaration de principes permet de pressentir la portée et la couleur de la première rétrospective en France du·de la militant·e visuel·le sud-africain·ne. Armez-vous de patience et surtout habillez-vous chaudement. Il va falloir sans doute faire la queue aux portes de la MEP dès le 1e février.

 

Zanele Muholi mène un travail photographique indissociable de son militantisme. Dans ses portraits individuels et collectifs, l’artiste cherche à rendre visible des personnes queer et racisées. Iel questionne les stéréotypes et les représentations dominantes qui y sont associées. Ses photographies montrent la diversité et la singularité des membres de la communauté. Elles mettent en avant leur courage et leur dignité face aux multiples discriminations. L’artiste tourne également son appareil photo vers ellui-même, pour interroger l’image de la femme noire dans l’Histoire.

 

Sa démarche artistique s’associe à un travail de longue haleine auprès des communautés LGBTQIA+ d’Afrique du Sud et d’autres pays. D’ailleurs, la Constitution sud-africaine de 1996, promulguée après l’abolition de l’apartheid, est la première au monde à interdire toute discrimination fondée sur l’orientation sexuelle. Malgré ce progrès, les personnes noires LGBTQIA+ y restent la cible de violences et de préjugés.

 

Plus de 200 photographies

Cet événement majeur couvre toute l’étendue de la carrière de Muholi à ce jour. Il fait honneur à l’un·e des artistes les plus salué·es aujourd’hui. Il rassemble plus de 200 photographies, vidéos et installations créées depuis le début des années 2000 ainsi que de nombreux documents d’archives.

 

L’exposition occupe les deuxième et troisième étages de la MEP. Elle s’ouvre sur deux séries qui capturent des moments d’intimité entre couples ainsi que leur vie quotidienne. Ces travaux donnent à voir des images fortes et positives d’une communauté jusqu’alors souvent cachée, sans voix et marginalisée. L’exposition présente également des images prises lors de concours de beauté queer, ainsi qu’une installation immersive du célèbre projet « Faces and Phases ».

 

La seconde partie s’ouvre avec une sélection d’images issue de la célèbre série d’autoportraits de l’artiste dans laquelle iel explore les frontières entre fiction et réalité. Cette série est suivie de photographies, de diaporamas et de vidéos qui soulignent l’engagement de Zanele Muholi. En tant que « militant·e visuel·le », iel offre l’opportunité à chacun de partager des récits susceptibles de résonner de manière personnelle tout autant que collective.

 

Les photographies de Zanele Muholi encouragent le spectateur à interroger les idées reçues. Elles créent un nouveau lexique d’images positives pour des communautés mal et sous-représentées en vue de promouvoir le respect mutuel.