Festival Cinéma du réel: carte blanche au documentaire africain

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Suhaib Gasmelbari, Talking about trees, 2019 © Suhaib Gasmelbari

Le printemps aux couleurs de l’Afrique. Qu’elle soit francophone, anglophone, lusophone ou arabophone, la production cinématographique africaine est en plein essor. Une nouvelle vague de réalisateurs tend au continent le miroir de sa propre image et en bouscule ses représentations. L’édition 2022 du festival Cinéma du réel se fait écho de ce phénomène et dédie une section au documentaire africain. Du 11 au 20 mars, la diversité à l’honneur au Centre Georges Pompidou (4e), au MK2 Beaubourg (4e) et au Forum des images (1e).

La programmation dédie une partie à dix figures tutélaires du documentaire africain. Ces réalisateurs et réalisatrices ont en leur temps réalisé des œuvres radicales voire révolutionnaires et ont su tracer une voie à la fois politique, cinématographique, inventive et activiste. Cette sélection débute avec le film Cabascabo (1969) d’Oumarou Ganda, où un tirailleur africain du corps expéditionnaire français en Indochine revenu au Niger dilapide sa fortune en menant la belle vie à Niamey. Cette sélection de huit films s’achève avec l’œuvre de Jean-Marie Teno Afrique je te plumerai (1991), qui décrit la descente de la jeunesse africaine dans la rue pour réclamer la démocratie une trentaine d’années après les indépendances africaines.

La programmation se poursuit avec une proposition de douze documentaires réalisés par une nouvelle génération de cinéastes de l’ensemble du continent africain. Vivre riche (2017) aborde le sujet des arnaques sur Internet où quelques jeunes entre 15 et 25 ans profitent des largesses pécuniaires de blanches en mal d’amour ou de sensations. As I want (2021) parle d’une série d’agressions sexuelles qui ont lieu sur la place Tahir le jour du deuxième anniversaire de la révolution, et le déferlement massif de femmes en colère qui se répand dans les rues. Le dernier refuge (2021) pénètre dans la Maison des Migrants à Gao, au Mali, qui accueille les personnes en transit vers l’Algérie, ou sur le chemin du retour après une tentative ratée de rejoindre l’Europe.

Six programmateurs africains partagent également leur regard sur le cinéma du continent. Ils ont choisi 12 films qui représentent la diversité esthétique et les particularismes selon les aires géographiques et les influences stylistiques, politico-linguistiques, culturelles et financières. L’un des choix de Claire Diao, cofondatrice de la revue panafricaine de cinéma Awotele, est le documentaire Carton rouge (2020) qui se déroule aux Comores où trois joueuses de l’équipe nationale de basket et leur ancien coach choisissent de vivre et de construire leur avenir dans un pays miné par la précarité et l’exil.

La cinéaste Égyptienne Atteyat Al-Abnoudy et la Franco-Marocaine Dalila Ennadre sont les protagonistes de deux hommages. Le travail de la première, de qui on projettera quatre films, lui vaudra le surnom de «la cinéaste des pauvres». De la seconde, on aura l’opportunité de voir son dernier travail Jean Genêt notre père-des-fleurs (2021). Tourné juste avant son décès à Larache, la réalisatrice suit la famille des gardiens du cimetière où repose l’écrivain Français.

Le festival Cinéma du réel mêle documentaire, essai et expérimentation dans des sélections qui reflètent la diversité des genres et des formes d’approche cinématographiques du monde. C’est l’un des rares festivals de cinéma documentaire qui mettent l’accent sur le patrimoine et la mémoire du genre. La sélection internationale de cette année projette des films venus de plus de 20 pays.

 

Infos pratiques

 

Plusieurs lieux à Paris
Du 11 au 20 mars 2022
Site internet