Hollywood, Bollywood, Nollywood ! Du 11 au 14 mai, la Nollywood Week, fête du cinéma nigérian à Paris, célèbre sa 10e édition au cinéma L’Arlequin (6e). Avant-premières mondiales, projections de longs et courts métrages, rencontres, sessions de networking, soirées afrobeats… Quatre jours qui vont permettre au public de se familiariser avec les productions les plus récentes de la deuxième puissance cinématographique mondiale. Découvrez, redécouvrez ou tout simplement approfondissez vos connaissances nollywoodiennes.
Plus de 30 films et séries, près de 10 nationalités représentées, une vingtaine d’invités, quatre avant-premières mondiales, cinq panels, trois prix décernés, une projection pour enfants… La sélection officielle inclut neuf longs métrages nigérians et 17 courts métrages de production africaine et diasporique. Cette année, deux prix s’ajoutent à celui du Public : meilleur court métrage et meilleur long métrage. Le parrain de la Nollywood Week 2023 est l’acteur, réalisateur et humoriste français d’origine ivoirienne Jean-Pascal Zadi (Tout simplement noir, En place…).
Une cinématographie diverse et vibrante
La Nollywood Week ouvre avec le court métrage d’Uzoamaka Aniunoh Love Language (Nigeria, 2022) sur les tribulations d’un couple inter-ethnique. Et le long métrage Obara’M (Nigeria, 2022) du prolifique réalisateur Kayode Kasum. Cette dramédie musicale suit une musicienne confrontée à son passé après la mort de son père. Le festival clôt avec le court métrage The multi de Natasha Ofili et Storm Smithi (Etats-Unis, 2021) où une femme sourde échappe aux traumatismes de son enfance à travers un monde utopique. Et le long métrage Choke de Mr Orimz (Nigeria, 2022) où une jeune atteinte d’une maladie héréditaire craque lorsque sa seule chance de vivre l’amour s’évapore. Toutes les deux soirées seront suivies d’un échange avec les réalisateurs.
Le reste de la sélection officielle offre une grande variété de sujets. Rivalité entre frères, secrets de famille, ambition démesurée, amitié et trahison, agressions faites aux femmes et révolte, mondes marginaux. Mais aussi, mystères surnaturels, brutalités policières, amour et incompatibilités tribales, recherche du sens, réfugiés devenus entrepreneurs, arnaques sur Internet… Toute une panoplie d’aventures et mésaventures pour que les festivaliers saisissent une cinématographie vibrante et haute en couleurs. Mention spéciale à la sélection « Courts coups de poing ». Plusieurs courts métrages véhiculent des messages significatifs sur la dyslexie, la dépression, la prostitution, le mariage des enfants…
La programmation inclut trois courts métrages d’animation de production hollandaise et nigérianne. Le festival propose aussi deux master classes sur la vidéo à la demande et les co-productions entre l’Afrique et ses diasporas ; et la table ronde « Création de contenu pour enfants ». Côté rencontres, les festivaliers auront l’opportunité de rencontrer leurs idoles. Parmi les stars qui vont illuminer cette édition se trouvent Timini Egbuson, étoile montante de Nollywood, l’incontournable Tina Mba, l’éclectique réalisateur Dare Olaitan et une des révélations de cette année Top Laguda, actrice et productrice.
La deuxième industrie de films au monde
Nollywood est née dans les rues de Lagos grâce aux vendeurs de rue à la fin des années 1980. Contraction de « Nigéria » et de « Hollywood », Nollywood rivalise avec la production hollywoodienne de films. Après l’Inde (Bollywood) mais devant les États-Unis (Hollywood), le Nigeria produit chaque année 2 000 films. Le coût estimé de ces productions ne dépasse pas 20 millions d’euros. Son public régulier atteint les 150 millions de spectateurs. Les films sont majoritairement tournés en langues africaines.
Les maisons de production se sont regroupées dans le quartier de Surelere de la capitale nigériane. Imitant le système des grands studios hollywoodiens, des maisons abritent des bureaux de production, des salles de montage, des entrepôts de matériel… Mais pas de plateaux de tournage, les films se tournent en décor naturel. Le budget moyen d’un long métrage est de 12 000 euros et son tournage dure une semaine environ. La post-production du film (montage, mixage, étalonnage) a lieu très rapidement pour permettre une sortie rapide.
Les films nigérians ont considérablement influencé les cultures de nombreuses nations africaines, de la façon de s’habiller à la façon de parler. La plupart des productions véhicule des thèmes religieux (guérison, miracle, conversion, vie spirituelle, etc.). Elles tentent à la fois de divertir le spectateur et de le convaincre avec une approche plutôt prosélyte. D’autres films mettent en scène des histoires d’amour.