Festival de documentaires

Regards d’Iran : points de vue pluriels d’un cinéma singulier

Image du filme Nomad Girl

Image du film Nomad Girl, Rouhollah Akbari, 2021 / © Rouhollah Akbari

 

Les Iraniens, comment vivent-ils ? Quels sont leurs rêves, leurs idéaux, leurs craintes, leurs cauchemars ? Et comment envisagent-ils leurs lendemains ? Regards d’Iran tâche de répondre à toutes ces questions avec une sélection de 9 documentaires inédits en France. La femme iranienne est la protagoniste lumineuse de plus de la moitié des films. Du 3 au 5 février au cinéma L’Entrepôt (14e), des courts et des longs métrages vont apporter des lumières et élargir le regard du « voisin » perse.

 

Le festival Regards d’Iran réunit des documentaires de création iraniens, réalisés essentiellement par des cinéastes du pays. Qu’ils abordent les problématiques des montagnards ou des paysans, des plus jeunes comme des anciens, des instruits ou des illettrés, des religieux comme des laïques, les films sélectionnés témoignent de la vie quotidienne de ceux qui font la richesse d’un des plus anciens pays du monde.

 

Liberté, Destinée, Féminité  

Le film « Liberté » (Farzad Jafari, 2022) aborde le sujet de la peine de mort en Iran avec un angle inédit. Les tribunaux iraniens peuvent prononcer une sentence qui permet à la famille de la victime de demander au juge d’exécuter la peine de mort ou de gracier le meurtrier. Ce film suit le quotidien de trois femmes opposées à la peine de mort et qui tentent d’empêcher les exécutions. Elles expliquent aux familles que la mort du tueur ne supprimera pas leur chagrin. Certains acceptent de pardonner…

 

« Destinée » (Yaser Talebi, 2022) suit les tribulations d’une jeune femme qui se débat entre prendre soin de son père malade ou suivre des études  universitaires. Sa famille lui demande d’y renoncer et de continuer à s’occuper de son géniteur. Mais elle souhaite réaliser le rêve de sa mère décédée de cancer et devenir médecin pour aider les gens. Rêves contre devoirs…

 

Sanaz, Saedeh, Tala, Ladan et Beheshteh ont chacune une histoire unique. Toutes portent le fardeau de la dépendance à la drogue qui les a menées à vivre de la prostitution ou de petits délits. Le film « Féminité » (Ostad Ali, 2020) nous amène à découvrir le foyer au sud de Téhéran où elles habitent soit par choix, soit par contrainte…

 

Enfin, le court métrage « Nomad Girl » (Rouhollah Akbari, 2021) met en lumière l’histoire de Sahar. Cette fille d’une des tribus kurdes nomades en Iran rêve de gagner les championnats du monde féminin de kick boxing. Elle excelle dans ce sport. Mais elle doit aussi faire face à tous les problèmes causés par les traditions et les croyances.

 

Soutenir les opprimés

Dans le contexte actuel, cette deuxième édition du festival Regard d’Iran est d’une incontestable actualité. « Pour la première fois dans l’histoire de l’Iran, les jeunes femmes éduquées issues des classes moyennes et populaires se sont trouvées à l’avant-garde des protestations ». Ce sont les mots de la marraine du festival la sociologue d’origine iranienne Azadek Kian. Elle poursuit « les écarts entre les revendications d’une société devenue moderne dans son ensemble, et un pouvoir idéologique avec des institutions et lois archaïques qui renforcent les inégalités sociales entre les femmes et les hommes, expliquent en partie le rejet du régime islamique ».

 

De son côté, le directeur du festival Michel Noll affirme que « sans mettre en péril son indépendance éditoriale [du festival], et sans devenir un organe révolutionnaire, c’est un devoir civique de soutenir les opprimés et c’est une obligation démocratique de reconnaitre que le changement doit venir de l’intérieur ».