Sons d’hiver : musiques des quatre coins du globe

Festival Au fil des voix

Majid Bekkas, joueur de guembri / © Darem BOUCHENTOUF

 

Un percussionniste guadeloupéen et un joueur de guembri marocain à Paris. Une pianiste et organiste américaine de 80 ans au Kremlin-Bicêtre. Un quartetto afro-cubain à Maisons Alfort. Une joueuse de koto japonaise et un guitariste autrichien à Gentilly. Un violoncelliste sud-africain à Fontenay-sous-Bois… Plus de 160 musiciens d’une quinzaine de pays débarquent pour la 32e édition de Sons d’hiver, festival de musiques (remarquez bien le pluriel). Entre le 27 janvier et le 18 février 2023, plus de 30 concerts sont à votre portée. L’hiver va chauffer ! 

 

Qu’elles viennent d’ici ou d’ailleurs, qu’elles relèvent de formes savantes ou populaires, Sons d’hiver est dédié aux musiques créatives d’aujourd’hui. Et, bien sûr, au jazz ! L’identité du festival s’est forgée autour d’un axe artistique franco-américain. Mais, il étend désormais ses recherches à d’autres scènes, inspirations et cultures. Les musiques de demain s’inventent aux quatre coins du globe. Le festival s’inscrit dans l’idée que la création musicale est riche de diversités culturelles et de leurs rencontres.

 

La singularité franco-américaine

En ouverture du festival, Amina Claudine Myers, 80 ans, effectuera une plongée dans les profondeurs du temps. La pianiste et organiste américaine au style abrupt, nerveux et sensuel, explorera l’histoire de la musique traditionnelle et expérimentale, profane et sacrée. Elle partagera le plateau avec le Black Monument Ensemble du Chicagoan Damon Locks, créateur d’un post-gospel teinté de free-jazz et de hip-hop.

 

Le Théâtre Romain Rolland de Villejuif se transformera le temps d’une soirée en un quartier de La Nouvelle-Orléans. Deux groupes partageront la scène : le quartet Mad Skillet de l’organiste John Medeski et du sousaphoniste Kirk Joseph, et l’ensemble Dirty Dozen Brass Band. Ce dernier est pionnier du mouvement moderne des fanfares de cette ville emblématique. Il a révolutionné tout un style en dynamisant les fanfares de rues aux rythmes du funk, de la soul et du hip-hop.

 

La poétesse, musicienne et activiste américaine Moor Mother présente pour la première fois en France son nouveau projet Jazz Codes. Elle utilise comme point de départ un recueil de poèmes écrits en l’honneur d’icônes afro-américaines. Son verbe abrasif réexamine les traumatismes engendrés par le racisme et le capitalisme dans l’histoire des diasporas noires.

 

Sonny Troupé et Majid Bekkas à Paris

Le percussionniste Sonny Troupé incarne parfaitement le lien entre mémoire et avenir. Initié dès l’enfance au tambour ka, le pilier rythmique du gwoka (genre musical guadeloupéen rebelle, politique, militant), il présentera au musée du quai Branly (7e) Nouvo Lokans, groupe all-stars guadeloupéen, ainsi que sa nouvelle création Fonn Kè. Ce travail est une invitation au voyage et au rêve. Il est aussi une réflexion en sons et en voix sur l’identité créole de la Guadeloupe.

 

Le joueur de guembri marocain Majid Bekkas sera le protagoniste d’une soirée de transe au Théâtre de la Cité internationale universitaire de Paris (14e). Il sera accompagné de musiciens traditionnels… Et rejoint par le saxophoniste français Émile Parisien, le batteur américain Hamid Drake et le balafoniste ivoirien Aly Keita.

 

Autres propositions

Le jeune trompettiste américain installé en France Hermon Mehari propose une évocation de son héritage culturel familial érythréen. Il invite sur scène la chanteuse Faytinga. Cette héroïne de la guerre d’indépendance (1990) est l’une des voix les plus appréciées d’Érythrée.

 

Depuis la musique de tradition griotique jusqu’à celle des townships sud-africains, le trio Chesaba est au service d’une célébration de l’Afrique et de son histoire. Il s’agit d’un mélange éclectique de violoncelle, kora, n’goni, percussions africaines, basse et voix. La musique du trio laisse la place à des improvisations influencées autant par le jazz que par les musiques classiques.

 

Le phénomène de transe sera enfin au cœur de la soirée de clôture du festival. Elle verra se produire sur scène le projet Ragmala – A Garland of Ragas du percussionniste, compositeur et chef d’orchestre américain Adam Rudolph. Il associera son GO, Organic Orchestra, à des musiciens traditionnels indiens pour dresser un pont entre les traditions ancestrales et l’avant-garde. La dernière partie de la soirée invitera Faiz Ali Faiz, chanteur pakistanais qui s’appuie sur l’héritage familial pour réactualiser le qawwali traditionnel, un genre musical qui exprime une dévotion soufie.