La peinture chinoise ancienne et la joie de la contemplation

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Zhu Da (1626-1705), dit Bada Shanren, Poisson (détail), non daté / © Collection Chih Lo Lou, Musée d’art de Hong Kong

La collection Chih Lo Lou de peinture chinoise ancienne débarque pour la première fois en Europe au Musée Cernuschi (8e). Peindre hors du monde présente un ensemble de plus de cent chefs-d’œuvre jusqu’au 6 mars 2022. Ces peintures et calligraphies exceptionnelles sont nées du pinceau des plus grands maîtres entre le milieu du XVe siècle et le début du XVIIIe siècle. Venez expérimenter la joie de la contemplation face à des paysages de rêve.

Avant d’être offertes au musée d’art de Hong Kong en 2018, coorganisateur de l’exposition, les œuvres ont été patiemment rassemblées par le philanthrope Ho Iu-kwong (1907-2006). Selon la tradition chinoise, le collectionneur leur a donné le nom de Chih Lo Lou, «le pavillon de la félicité parfaite». Ce nom évoque la joie inséparable de la contemplation de chefs-d’œuvre et celle qui naît de l’accomplissement d’une action généreuse.

«Ho Iu-kwong n’était pas un artiste, néanmoins la collection Chih Lo Lou est une œuvre à sa manière, porteuse d’une certaine vision de l’histoire de la Chine et de son art», affirme Éric Lefebvre, directeur du Musée Cernuschi. Cette ensemble d’œuvres, initiée dans les années 1950, a permis de préserver un patrimoine qui semblait alors promis à la dispersion.

Peindre hors du monde s’étale sur huit parties: aspirations à la vie retirée, jardins et paysages de l’école de Wu; Dong Qichang et l’art de la référence; calligraphie et expression personnelle à la fin des Ming; paysages idéaux, rêvés, réels; les quatre Wang, un nouveau classicisme; créer aux marges de la société, Bada Shanren et Shitao; l’invention des Monts Huang; et de Nanjing aux Monts Huang, foyers de création et circulation des peintres.

Toutes les œuvres ont été créées à un moment clé de l’histoire de la Chine: entre le milieu du XVe siècle et le début du XVIIIe siècle. Cette période a été marquée par une profonde rupture historique et une alternance dynastique. Les aspirations millénaires des sages et des poètes à se retirer du monde pour vivre parmi les forêts et les montagnes prennent un sens nouveau sous le pinceau des peintres.

Pour ces lettrés, l’effondrement de la dynastie Ming (1368- 1644) et la conquête de l’empire par les Mandchous sont des événements profondément traumatisants. Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui refusent de servir la nouvelle dynastie Qing (1644-1912) et s’isolent dans les montagnes. Renonçant à la carrière de fonctionnaire et masquant leur identité, certains deviennent moines. Deux membres de la famille impériale déchue Shitao (1642-1707) et Badashanren (1626-1705) ont fait des temples leur refuge et de la montagne leur source d’inspiration.

Le genre du paysage exerce un rôle majeur dans l’histoire de la peinture chinoise depuis la dynastie des Song (960-1279). Sous les Ming, paysages et jardins sont investis de nombreuses significations: reflets des pratiques collectives et des aspirations les plus personnelles. Les jardins du Sud de la Chine, évoqués par des célèbres peintres comme Shen Zhou ou Wen Zhengming, présentent l’image poétique d’un idéal partagé par de nombreux lettrés de leur temps. D’autres décrivent, sous la forme de vastes paysages qui se déploient sur de longs rouleaux, les étapes de voyages accomplis en rêve.

 

Infos pratiques

 

7, avenue de Velasquez 75008 Paris
Jusqu’au 6 mars 2022
Site internet