Péter Korniss: le photographe d’un monde bouleversé

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Péter Korniss, Au milieu des pavés, 1984 / © Péter Korniss

Par Sylvie CAVACCIUTI

Depuis plus de 50 ans, Péter Korniss observe et capte l’évolution de la société hongroise et ses mutations. Il est l’un des plus importants photographes contemporains de Hongrie. Jusqu’au 18 décembre, l’Institut Liszt – Centre culturel hongrois (92, rue Bonaparte) et la Galerie Keller (13, rue Keller) lui consacrent deux expositions à Paris. Une invitation à suivre les pas et le regard de ce photographe/navetteur.

Péter Korniss est un photographe-documentariste spécialisé dans le mode de vie et la culture paysanne en Europe de l’Est. Ses photos sont les témoins singuliers de bouleversements sociaux tels que la transformation des communautés rurales et les conséquences de la mondialisation. En 1978, il entame un projet photographique d’envergure sur les navetteurs: des habitants de province qui vont chaque semaine chercher du travail à Budapest, faisant la navette entre leur domicile et leur lieu de travail, d’où l’expression navetteur.

La série photographique intitulée Le Navetteur, présentée à la Galerie Keller, est considérée comme l’œuvre majeure de Péter Korniss (récompensée par le Prix World Press Photo). Elle est aussi un tournant dans la photographie contemporaine hongroise. Durant plus de 10 ans, il va documenter la vie d’András Skarbit, un paysan devenu ouvrier ambulant. Ses photos en noir et blanc dépeignent un quotidien souvent précaire et rude avec un regard généreux et empreint de tendresse et de complicité. Comme il le dira lui-même, «aussi étrange que cela paraisse, ce n’est pas moi qui ai choisi András Skarbit, c’est l’appareil photo qui l’a choisi».

Au fil des années le style de Péter Korniss évolue. Il passe du noir et blanc à la couleur, mais ses questionnements restent les mêmes. L’exposition intitulée Constante évolution, proposée à l’Institut Liszt, nous raconte ce cheminement. Le parcours photographique nous mène de portraits de navetteuses –femmes transylvaines venues travailler comme femmes de ménage à Budapest–, à des mises en scène de personnages de pièces traditionnelles en costumes, en passant par une série consacrée à la vie dans les campagnes longtemps isolées.

Son intérêt pour les cultures traditionnelles, comme pour les conséquences de la mondialisation, ont aussi guidé les pas du photographe en dehors de la Hongrie et de la Transylvanie: Slovaquie, Serbie, Sibérie, Yémen du Sud et l’Ouest américain au sein des réserves Navajos et Sioux Oglagla. L’œuvre de Péter Korniss a été présentée dans des musées et galeries de 17 pays.

 

Infos pratiques

 

Galerie Keller (11e) et à l’Institut Liszt (6e) Paris
Jusqu’au 18 décembre 2021
Site internet