Explosion de fleurs, de couleurs et… d’expositions. Le printemps n’avait jamais été aussi fécond. Cette même semaine, quatre grands rendez-vous se sont ajoutés au calendrier cosmopolite de Paris. De l’Égypte des pharaons et l’Australie des aborigènes à la scène artistique du downtown new-yorkais des années 1980… Parisiens et Franciliens vont faire des voyages de rêve et cela même avant qu’ils ne partent en vacances. Paris, ville cosmopolite par excellence !
Ramsès et l’or des Pharaons
Grande Halle – La Villette (19e)
Du 7 avril au 6 septembre 2023
Ramsès le Grand (1305 – 1213 avant notre ère). La simple évocation du nom de ce pharaon fait naître des images des grandes pyramides, de temples magnifiques, de dieux égyptiens et d’histoires aux proportions bibliques. L’exposition Ramsès et l’or des Pharaons donne vie à l’histoire de cette divinité à l’aide de 180 pièces d’inestimable valeur : bijoux, cercueils en bois, amulettes, poteries, sculptures sur pierre, peintures sur calcaire… Mais le cercueil de Ramsès II et les momies d’animaux sortent bien du lot.
L’exposition à Paris s’enrichit d’un prêt exceptionnel accordé par les autorités égyptiennes : le cercueil de Ramsès II. La dernière fois qu’il avait été vu en France, c’était en 1976-1977. Il est le seul monarque décédé à avoir été reçu avec les honneurs dus à un chef d’État. Ramsès le Grand a été emmené au musée de l’Homme afin d’être « soigné » car des champignons altéraient sa momie. La légende raconte qu’elle aurait été gratifiée d’un passeport diplomatique. Son cercueil a été exposé au Grand Palais, lors de l’exposition Ramsès le Grand.
Un autre chapitre de l’exposition aborde le thème de la momification animale. De nombreux reliquaires et plusieurs momies d’animaux jamais présentées auparavant à l’étranger sont ainsi exposées. Elles rappellent le soin apporté aux dépouilles après la mort afin de sauvegarder l’intégrité des êtres, humains comme animaux. Ces derniers, dûment préparés, étaient enterrés dans d’immenses nécropoles pour marquer la piété des gens envers leur dieu (un chat pour Bastet, par exemple). On parle de millions de momies animales de toute sorte.
Basquiat x Warhol, à quatre mains
Fondation Louis Vuitton (16e)
Du 5 avril au 28 août
L’exposition la plus importante jamais consacrée à cette œuvre singulière. Basquiat x Warhol, à quatre mains regroupe plus de cent toiles signées par les deux génies ainsi que des œuvres de chaque artiste. Un ensemble de travaux de Keith Haring, Jenny Holzer, Kenny Scharf reconstituent également la scène artistique du downtown new-yorkais des années 1980. L’exposition montre un dialogue de styles et de formes qui traite de sujets cruciaux comme l’insertion de la communauté afro-américaine dans le récit nord-américain.
L’exposition s’ouvre sur une série de portraits croisés, Basquiat par Warhol, Warhol par Basquiat. Elle se poursuit avec les premières collaborations. Initiées par le galeriste des deux artistes, Bruno Bischofberger, ces œuvres profitent de la participation du peintre italien Francesco Clemente (né en 1952). Après cette quinzaine d’œuvres à trois, Basquiat et Warhol poursuivent leur collaboration avec enthousiasme et complicité, à un rythme presque quotidien. L’énergie et la force de leurs échanges incessants conduiront les visiteurs tout au long du parcours dans la totalité des galeries de la Fondation.
« Andy commençait la plupart des peintures. Il mettait quelque chose de très reconnaissable, le logo d’une marque, et d’une certaine façon je le défigurais. Ensuite, j’essayais de le faire revenir, je voulais qu’il peigne encore », expliquait Basquiat. « Je dessine d’abord, et ensuite je peins comme Jean-Michel. Je pense que les peintures que nous faisons ensemble sont meilleures quand on ne sait pas qui a fait quoi », estimait Warhol.
Basquiat Soundtracks
Philharmonie de Paris (19e)
Du 6 avril au 30 juillet
L’un des artistes le plus fascinant du XXe siècle. Le musée de la Musique dévoile l’exposition Basquiat Soundtracks. Jean-Michel Basquiat a vécu, peint, dansé, inventé et transgressé à une époque où New York connaissait l’une des périodes les plus créatives de son histoire musicale. Né à Brooklyn, de père haïtien et de mère portoricaine, il a inscrit la musique dans ses peintures. Son œuvre témoigne de son intérêt profond pour l’héritage musical de la diaspora africaine. Et de sa conscience aiguë des questions raciales aux États-Unis. La musique apparaît comme une célébration de la créativité artistique noire tout en pointant les complexités et les cruautés de l’histoire. Une section de exposition passionnante creuse ces sujets : Les musiques de l’Atlantique noir.
L’œuvre de Basquiat atteste de sa conscience des liens entre musiques africaines et africaines-américaines. Mais aussi, de la manière dont la musique était pour lui un moyen de dialoguer avec les héritages diasporiques de la traite transatlantique des esclaves. Ses toiles convoquent la figure du vacher noir accordéoniste propre au zydeco, créolisation musicale spécifique à la Louisiane. Elles relient aussi, à travers le temps, les ventes aux enchères d’esclaves et le jazz. En tant que peintre et mélomane, il s’inscrit dans une exploration des formes culturelles nées de la migration forcée des peuples africains par les Européens vers les Caraïbes et les Amériques.
Parmi les sources d’inspiration de Basquiat figure le livre Flash of the Spirit de Robert Farris Thompson (L’Éclair primordial, 1983). Cet œuvre traite entre autres de la persistance des cultures et traditions africaines aux Etats-Unis. Et du rôle prépondérant de la musique dans la transmigration des formes culturelles. Basquiat a désigné Thompson comme son historien de l’art favori et lui a commandé un texte pour l’une de ses expositions. L’auteur y décrit Basquiat comme un « extraordinaire afro-atlantiste [qui] colore l’énergie de l’art moderne (lui-même redevable à l’Afrique) de ses propres transmutations des motifs et des figurations noirs subsahariens et créoles ».
Songlines. Chant des pistes du désert australien
Musée du quai Branly
Du 4 avril au 2 juillet 2023
Plongée au cœur du monde des premières nations australiennes. Songlines. Chant des pistes du désert australien invite à une traversée de plusieurs régions désertiques du centre et de l’ouest de l’Australie. Sept Sœurs sont poursuivies sans relâche par un sorcier ayant la capacité de se métamorphoser à tout moment. Ce récit fondateur est l’un des plus vastes et des plus importants de ce pays-continent.
Depuis toujours, la mémoire des populations autochtones d’Australie se propage à travers les paroles des aînés, des histoires que l’on conte en peinture, en cérémonies et en chants. Les songlines guident les pas des membres des communautés aborigènes. Ces chants des pistes renferment les règles de la cohabitation et des connaissances écologiques, astronomiques ou géographiques essentielles à la vie. Ils représentent également une voie spirituelle et des codes moraux.
Avec près de vingt installations multimédia et plus de deux cents peintures, photographies et objets d’art, l’exposition s’articule autour du DomeLab. Sous ce dôme, conçu et développé pour offrir une expérience multidimensionnelle et multisensorielle, les visiteurs découvrent les œuvres d’art rupestre du site de Walinynga (Cave Hill). En passant d’une œuvre et d’une installation à l’autre, le public « suit la piste » de ces chants ancestraux.
L’exposition est une première mondiale de par son ampleur et sa complexité. Ce sont les communautés autochtones, dont les savoirs et les œuvres sont présentés, qui l’ont entièrement conçue. Elle est née d’un projet lancé en 2010 par un groupe d’aînés anangu, issus des terres Anangu Pitjantjatjara Yankunytjatjara.
Kulata Tjuta : Chefs d’œuvre de la collection Pierre et Alexandre Vaysse / Songlines. Centres d’art du désert australien
Ambassade d’Australie, 15e
Du 4 avril au 3 juillet 2023
En résonance avec Songlines, l’ambassade d’Australie présente deux expositions majeures de l’art aborigène. Kulata Tjuta : Chefs d’œuvre de la collection Pierre et Alexandre Vaysse jusqu’au 25 août et Songlines. Centres d’art du désert australien jusqu’au 3 juillet. La première met à l’honneur 26 œuvres peintes par des artistes Anangu des terres désertiques Anangu Pitjantjatjara Yankunytjatjara. La seconde met en scène la reconstitution d’un atelier d’un centre d’art typique du désert.
Les œuvres présentées dans ces deux expositions viennent de centres d’art gérés par et pour les artistes aborigènes. Dans ces lieux, les aînés transmettent la culture et les traditions aux jeunes générations par leurs aînés. Les visiteurs auront l’opportunité de vivre une immersion dans l’atelier reconstitué d’un centre d’art. Ils découvriront aussi les œuvres mises en vente par des artistes de communautés autochtones de l’ouest de l’Australie.