Représentante majeure du cinéma indépendant américain. Avec son œuvre, Kelly Reichardt (Miami, 1964) a entrepris de retraverser l’histoire et le territoire des États-Unis, leurs mythes et leurs représentations… Entre le 14 et le 24 octobre, elle est l’invitée du Centre Pompidou pour présenter une rétrospective intégrale de ses films. Allez nombreux place Beaubourg (re)découvrir le travail d’une cinéaste aujourd’hui essentielle: avant-première, films inédits, rencontres, masterclasse…
Après avoir travaillé avec les grands cinéastes Hal Hartley et Todd Haynes, Kelly Reichardt réalise River of Grass (1994), qui la positionne sur la scène indépendante américaine. Il lui faudra encore quelques années et la découverte de l’Oregon, son territoire de cinéma, pour qu’elle devienne une cinéaste majeure avec Old Joy (2007) et surtout Wendy et Lucy (2009). Ce dernier film initie sa collaboration avec l’actrice Michelle Williams et lui vaut une reconnaissance internationale.
Son thriller écologique Night Moves (2014) et ses inoubliables portraits croisés de Certaines femmes (2017) interrogent la construction de la société américaine au présent. C’est avec La dernière piste (2011) et son nouveau film First Cow (2021), que Kelly Reichardt remonte aux origines et décrive un autre récit de la conquête de l’Ouest et du capitalisme naissant depuis leurs marges.
La masterclasse
La cinéaste reviendra sur son parcours singulier à l’intérieur du cinéma indépendant américain lors d’une masterclasse. Plusieurs étudiants de la Sorbonne et la Fémis la questionneront sur ses œuvres, ses processus artistiques et les réflexions qui la mènent à la création. Deux courts métrages que Kelly Reichardt a réalisés pour le Centre Pompidou précéderont la masterclasse.
«Son cinéma revisite le cinéma américain, road-movie, thriller et western, en le frottant aux doutes, à l’échec, à la vulnérabilité, en y faisant pénétrer le réel et son incertitude qui affectent l’efficacité du genre et sa stylisation». On décrit ainsi son travail dans les matériaux promotionnels de l’événement. Tous les composants de cette rétrospective mettent en lumière la cinéaste à l’acuité exceptionnelle sur le temps présent… La cinéaste qui a discrètement entrepris de réévaluer le monde.
Des gestes politiques
«Le cinéma américain adore les héros. Si vous faites un western américain depuis n’importe quel point de vue autre que celui de l’homme blanc, on l’interprète comme une déclaration politique. C’est étrange, parce que le postulat de base du western, c’est précisément la découverte d’un nouveau territoire, où les règles ne sont pas encore fixées, où l’organisation du pouvoir n’est pas encore établie –c’est la création d’un nouveau monde. Mais dans les faits, ça devient une expansion de l’ancien monde.
«Le rythme, s’il est plus lent, est également considéré comme un geste politique. Parce qu’il va à l’encontre du rythme de nos sociétés de consommation et de divertissement. Le monde de l’Internet ne nous incite pas à regarder quoi que ce soit de trop près ni trop longtemps. Le simple fait de résister à cette imposition de la vitesse au film donne le sentiment de travailler contre un système qui voudrait vous faire faire autre chose. Mais je n’ai jamais rien créé dans le but d’envoyer un quelconque message. J’aime me concentrer sur les personnages et sur l’histoire. Aller plus lentement, c’est mon rythme naturel».
Ces propos ont été recueillis par Judith Revault d’Allonnes, responsable de la rétrospective et autrice de Kelly Reichardt, l’Amérique retraversée. Il s’agit du premier livre publié en français sur le travail de la cinéaste états-unienne.
Infos pratiques
Place Georges Pompidou 75004 Paris | |
Du 14 au 24 octobre 2021 | |
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