Samuel Fosso: portrait et autoportraits

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Samuel Fosso, Autoportrait, Série «Mémoire d'un ami», 2000 © Samuel Fosso, courtesy Jean-Marc Patras / Paris

Par Sylvie CAVACCIUTI

Pour la première fois en France, une grande rétrospective est consacrée au photographe Franco-Camerounais Samuel Fosso, artiste majeur et incontournable de la scène internationale. La MEP, Maison européenne de la photographie (4e), nous propose de le (re)découvrir jusqu’au 13 mars 2022. L’exposition présente près de 50 ans de son parcours photographique… Une belle occasion d’aller à sa rencontre!

Né au Cameroun, il démarre une carrière de photographe de studio dès l’âge de 13 ans à Bangui (Centrafrique) où il s’est installé chez son oncle. C’est à partir de cette époque –parallèlement à son travail de commande de portraits (photos d’identité, commémorations, mariages)–, que Samuel Fosso va développer une œuvre hors-normes autour de l’autoportrait, mêlant photographie et performance. Le studio devient alors une véritable scène de théâtre.

Pour l’artiste, vivant aujourd’hui entre la France et le Nigéria, la performance reste au cœur de son travail photographique. Comme il le dit lui-même: «Mon travail est toujours associé à la performance. Je considère que mon corps est rattaché à d’autres individus, à la personne que j’incarne afin de transcrire son histoire».

Cette exposition, réunissant l’ensemble des séries du photographe, donne à voir une œuvre photographique originale et avant-gardiste. Samuel Fosso y incarne de multiples personnages et interroge ainsi les codes de la représentation pour mieux les déconstruire et les réinventer. Il y révèle un regard singulier sur nos sociétés comme sur son histoire personnelle.

Les photos de Samuel Fosso sont empreintes d’humour, de dérision, de tendresse, mais aussi d’hommage et de tragique –un exemple: la série «Mémoire d’un ami» (photo ci-dessus) est un témoignage très personnel sur la guerre et ses traumas–. Une profonde réflexion politique traverse l’œuvre du photographe et dénonce particulièrement le néocolonialisme, avec les imaginaires et les actes qui en découlent.

Par l’autoportrait, Samuel Fosso est tout à la fois: photographe et modèle. Mais aussi cet être multiple racontant la diversité et la pluralité du monde. «[] Fosso n’aura de cesse de se réinventer dans des autoportraits qui lui permettent de traverser les frontières, qu’elles soient sociales, géographiques ou temporelles. Ses œuvres éprouvent les normes identitaires et célèbrent notre liberté à l’autodétermination», comme le précise le texte présentant l’exposition.

La série exposée dans le dernier espace de l’exposition semble être un clin d’œil à l’ensemble de son œuvre. Elle nous dévoile un large éventail de sentiments et d’émotions à travers une sélection de 160 autoportraits polaroïds de grands formats. Œuvre monumentale, constituée de 666 autoportraits au total, cette introspection nous interpelle en interrogeant notre propre multiplicité

Plusieurs séries de l’œuvre de Samuel Fosso ont intégré des collections publiques en France, comme celles du Musée du quai Branly – Jacques Chirac, du Centre Pompidou ou du Centre national d’arts plastiques.

 

Infos pratiques

 

5-7, rue de Fourcy 75004 Paris
Jusqu’au 13 mars 2022
Site internet