Expo au musée de l’Homme

Arts et Préhistoire : l’universalité et le mystère du geste artistique

Anthropomorphes et antilopes

Anthropomorphes (dont une femme et deux archers) et antilopes, Namibie, non date / © Jean-Loic Le Quellec

 

À l’exposition Arts & Préhistoire du musée de l’Homme, on admire tout d’abord des trésors inestimables de l’art mobilier. Ici, la « plaquette de la marche » avec un visage humain gravé il y a 17 000 ans. Là-bas, des figures féminines sculptées dont l’icône incontournable de l’art de la Préhistoire : la Vénus de Lespugue. Puis, on entre dans une ambiance sombre et feutrée et on s’immerge dans l’art pariétal et rupestre du monde entier. Et là, on est tellement subjugué par le mystère et la beauté, que l’on veut y rester, ne plus bouger, faire une halte prolongée.

 

L’exposition Arts & Préhistoire, qui se déroule jusqu’au 22 mai 2023, est saisissante. Sa deuxième partie présente la dimension la plus spectaculaire et la plus mystérieuse des pratiques artistiques de la Préhistoire : l’art pariétal (de « paroi », qui fait référence à l’art des cavernes), et rupestre (de « rocher », qui désigne plutôt les œuvres réalisées en plein air). Sur tous les continents, on observe des peintures, gravures et dessins préhistoriques, souvent de grande envergure.

 

Universalité et diversité

Des grottes de Dordogne aux falaises chinoises de Huashan, des canyons de l’Utah aux abris-sous-roche de la Terre d’Arnhem en Australie, l’exposition s’attache à montrer l’universalité et la diversité de ces créations. Ces œuvres ne pouvant, par nature, être déplacées, l’exposition prend le parti scénographique de l’évocation, au moyen de vidéos, photos, projections lumineuses, animations, images aériennes…

 

En parcourant cette partie de l’exposition, le point de vue du visiteur progresse petit à petit. Il se place d’abord à l’échelle de la Terre, avec un dispositif montrant les implantations connues de sites sur tous les continents. Il est ensuite entraîné dans un voyage vers les sites ornés indonésiens, portugais, colombiens ou chinois. Puis, le point de vue se resserre. Une installation audiovisuelle grand format immerge le visiteur dans un foisonnement d’œuvres. Vidéo- projetées sur des facettes inclinées évoquant une paroi imaginaire, les images émerveillent par leur force, leur diversité et par la grande liberté de leurs styles.

 

Au-delà des frontières temporelles ou géographiques, ces œuvres d’art réunies semblent ici faire œuvre commune. Elles illustrent les grands thèmes de l’art préhistorique : les animaux, les signes géométriques, les figures humaines et enfin les empreintes de mains positives ou négatives. L’animal occupe une place centrale dans l’art de la Préhistoire. Ses représentations ornent de façon monumentale les parois des grottes. Elles s’inscrivent aussi en miniature sur les pièces d’art mobilier (celui que « l’on peut transporter »).

 

Un mystère qui reste à percer

Toutes ces œuvres fascinent par leur âge (40 000 ans pour les plus anciennes), séduisent par leur beauté, intriguent par le mystère et constituent une référence pour l’humanité entière. Comment concevoir que des Homo sapiens, il y a des dizaines de millénaires, décident, partout sur la planète, de décorer des parois et des objets de leur quotidien ? Mais surtout, pourquoi ? Il n’y a malheureusement par l’instant pas de réponse. Les productions graphiques de la Préhistoire constituent un langage dont le message nous échappe et dont le mystère nourrit nos imaginaires.

 

Comme le souligne Patrick Paillet dans Qu’est-ce que l’art préhistorique ? (Paris 2018, CNRS éditions), « le corpus des images de la Préhistoire est si vaste, si complexe et si diversifié, en Europe et dans le monde, qu’il restera pour longtemps encore une matière à réfléchir presque inépuisable ». Mais il y a heureusement un consensus : dans toutes les sociétés, il y a un besoin de représenter, de communiquer et de partager des pratiques symboliques.

 

La troisième et dernière partie de l’exposition rend hommage à la Vénus de Lespugue, l’un des plus précieux joyaux du musée de l’Homme. Elle présente des œuvres modernes et contemporaines inspirées par cette icône de la Préhistoire. Qu’il soit préhistorique ou contemporain, le geste artistique illustre donc la continuité de la création humaine…