On croirait que de Picasso tout est déjà dit. Mais non. Il reste encore des sujets inédits. La preuve : le musée de l’Homme (16e) propose, du 8 février au 12 juin 2023, une exposition consacrée à « Picasso et la Préhistoire ». Elle transmet la fascination que les arts de ce passé lointain ont exercée sur le peintre espagnol. Et dévoile des dessins, des peintures, des sculptures, des céramiques et des galets inspirés par les créations des premiers humains. L’inépuisable œuvre de Picasso ne cessera jamais de surprendre.
Les premières peintures préhistoriques sont découvertes en Espagne dans la grotte d’Altamira en 1879, deux ans avant la naissance de Picasso. A-t-il visité des sites préhistoriques ? Rien ne l’atteste. Néanmoins, Picasso était réceptif à la découverte de ces sources lointaines qui touchent aux origines de l’humanité et au mythe du premier artiste.
Un voyage dans le passé en 5 étapes
La première partie de l’exposition dévoile la peinture Femme lançant une pierre (1931). Cette œuvre majeure renvoie à une certaine idée de la Préhistoire. Le corps du personnage est une combinaison osseuse de pierres et de chair dans un paysage désolé. Plus loin, une photographie de Brassaï (Hongrie, 1899-1984) montre la « vitrine-musée » de Picasso. À l’intérieur, différents objets, dont plusieurs préhistoriques, se confrontent dans un dialogue non hiérarchisant.
Une deuxième section explore la façon dont Picasso prolonge les gestes du passé. Dans ses mains, de simples cailloux deviennent des têtes de mort. Et un vulgaire galet de plage prend la forme d’un visage. Ce rassemblement de petits fétiches détournés à des fins esthétiques fait écho aux matières animales et minérales utilisées par les premiers artistes.
Un troisième espace présente des animaux et des créatures. La multitude de traits de ces dessins redouble le motif et les attitudes. Cette écriture dynamique rappelle les parois rupestres des grottes d’Altamira en Espagne et celles de Pech Merle dans le sud-ouest de la France.
La partie suivante fait résonner les mystérieux signes abstraits incisés dans la pierre avec quelques dessins de Picasso. Pareillement, l’empreinte au sucre de la main de l’artiste sur une plaque de cuivre fait écho aux saisissantes empreintes négatives de mains ornant les plafonds de grottes.
La dernière partie confronte un ensemble d’objets de la Préhistoire aux sculptures de Picasso. La Vénus de Lespugue, joyau de la Préhistoire, regarde en face la Vénus du gaz, « déesse des temps modernes ». Cette dernière a été créée par Picasso à partir d’un brûleur de gazinière dressé à la verticale. Picasso s’interrogeait sur le devenir de sa Vénus de gaz. Une manière de se projeter dans le temps long et d’interroger comme un éternel retour la permanence et la transcendance de l’art.
Célébration Picasso
« Picasso et la préhistoire » complète et devient une continuité de la superbe exposition « Arts et Préhistoire » inaugurée par le musée de l’Homme en novembre dernier. Elle s’inscrit également dans le cadre de la « Célébration Picasso 1973-2023 ». Cette année est placée sous le signe de la célébration de l’œuvre de Pablo Picasso et de son héritage artistique. 2023 marque le cinquantième anniversaire de la disparition de l’artiste espagnol le 8 avril 1973.
Le programme de la « Célébration Picasso 1973-2023 » s’articule autour d’une cinquantaine d’expositions dans le monde dont 6 à Paris : « Fernande Olivier et Pablo Picasso, dans l’intimité du bateau-lavoir » (Musée de Montmartre) ; « La collection prend des couleurs ! » et « À toi de faire ma mignonne » (Musée national Picasso) ; « Picasso. Dessiner à l’infini » (Centre Pompidou) ; et « Le Paris des modernes 1905-1925 » (Petit Palais).