Exposition

Le quai Branly brosse un portrait fidèle de Léopold Sédar Senghor

Vue de l'exposition Senghor et les arts

Vue de l'exposition / © Musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Léo Delafontaine

 

Défenseur de la francophonie, du métissage et du dialogue des cultures. Pionnier de la négritude. Premier africain à siéger à l’Académie française… Le musée du quai Branly (7e) brosse un portrait de l’écrivain, poète et homme d’État Léopold Sédar Senghor (1909-2001). Jusqu’au 12 novembre 2023, l’exposition Senghor et les arts. Réinventer l’universel met en perspective la politique culturelle de l’ancien président du Sénégal au lendemain de l’indépendance.

 

L’exposition revient sur la politique et la diplomatie culturelle sénégalaise mises en œuvre par Senghor pendant plusieurs mandats présidentiels (1960-1980). Elle aborde les réalisations majeures dans le domaine des arts plastiques et arts vivants. Mais aussi les limites : la pensée de Senghor n’a pas laissé indifférentes les générations nées au lendemain des indépendances. Elle a été largement discutée, critiquée et commentée au fil des relectures successives.

 

« Ma tâche est d’éveiller mon peuple aux futurs flamboyants / Ma joie de créer des images pour le nourrir, ô lumières rythmées de la Parole ! », extrait du poème « Élégie des alizés » de Senghor.

 

La négritude

Senghor est l’un des pionniers de la Négritude, mouvement politique et littéraire initié avec Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas, Suzanne Césaire, Jane et Paulette Nardal. Il a défendu l’idée d’une civilisation de l’universel, façonnée par le « rendez-vous du donner et du recevoir ». Sous cette métaphore de l’échange, l’écrivain manifeste l’espoir d’unir les traditions et d’engager « le dialogue des cultures ». En réinventant la notion d’universel, il affirme le rôle de l’Afrique dans l’écriture de son histoire.

 

La Négritude est, pour Senghor, un enracinement dans les valeurs et civilisations du monde noir. Toutefois, elle ne procède pas par exclusion et se nourrit de l’ouverture à d’autres cultures. Senghor proclame la Négritude « humanisme du 20e siècle » et lance un appel au métissage culturel. « Il s’agit que tous ensemble – tous les continents, races et nations –, nous construisions la Civilisation de l’Universel, où chaque civilisation différente apportera ses valeurs les plus créatrices parce que les plus complémentaires ».

 

Parcours de l’exposition

Léopold Sédar Senghor a profondément marqué l’histoire intellectuelle, culturelle et politique du 20e siècle. L’exposition réunit archives inédites, documentation, livres d’art et tableaux. Elle revient, en six chapitres, sur son parcours : Une écriture africaine de l’histoire ; La création contemporaine africaine, au-delà de la sculpture ; Une civilisation de l’Universel ; Une diplomatie culturelle ; Dissidences ; et Héritage.

 

C’est à partir des années 1930 qu’il commence son chemin. Il participe à des discussions internationales qui dénoncent le racisme, la colonisation, la ségrégation et qui ambitionnent de faire « entrer les peuples noirs sur la grande scène de l’histoire » (Aimé Césaire, 1956). Il y a plusieurs voix qui nourrissent sa pensée et le mouvement de la Négritude. Parmi elles, les africains-américains W. E. B. Du Bois et Alain Locke, le sénégalais Alioune Diop, fondateur de la revue Présence Africaine, l’anthropologue allemand Léo Frobenius et le jésuite Pierre Teilhard de Chardin.

 

Senghor est à l’origine d’une politique culturelle forte, fait inédit parmi les pays africains nouvellement indépendants. Plus d’un quart du budget de l’État est dévolu à l’éducation, la formation et la culture. Le Sénégal veut afficher la vitalité de sa création contemporaine. Des institutions et des infrastructures de formation, de création et de diffusion sont mises en place pour les arts plastiques et les arts vivants.

 

L’organisation du premier Festival mondial des arts nègres en 1966. L’ouverture du Musée dynamique de Dakar. La création de la Manufacture nationale de tapisserie de Thiès. L’inauguration du Théâtre national Daniel Sorano… Ce sont quelques réalisations qui traduisent la volonté de Senghor d’attribuer au patrimoine africain une place méritée dans l’histoire de l’art mondial.