D’Alger à Maputo, de Johannesburg à Conakry, l’Afrique est riche de cinématographies dont on connaît mal les contours. Le Forum des images (1e) programme Tigritudes 1956-2021, un cycle ambitieux couvrant 65 ans de cinémas africains: depuis la première indépendance, celle du Soudan en 1956, jusqu’à nos jours. Du 12 janvier au 27 février 2022, le public a la chance de remonter le temps au travers d’une centaine de films et d’histoires parfois absentes des écrans officiels.
Les œuvres réunies mettent à l’honneur la puissance et la pluralité stylistique, thématique et linguistique du cinéma africain. Et cela malgré les lourdes séquelles de la colonisation sur sa production et diffusion. 126 films en provenance de 23 pays africains et de sa diaspora: France, Haïti, Royaume Uni, États-Unis et Cuba. Des œuvres de tout genre et de toute durée composent le cycle: animation, documentaire, fiction, cinéma expérimental, films d’art…
Cinématographies rares, films connus, œuvres de la diaspora
Une partie de la programmation de Tigritudes propose des œuvres de pays dont la cinématographie est encore très rare: Mother I am suffocating, This is my last film about you, du cinéaste du Lesotho Lemohang Jeremiah Mosese; The Unseen, du Namibien Perivi John Katjavivi; La Bataille de Tabatô, tourné en Guinée-Bissau (un pays peu filmé) par l’Angolais Joao Viana…
La programmation ne fera pas l’impasse sur des œuvres plus connues du grand public: Muna Moto (film d’ouverture), le chef d’œuvre du Camerounais Dikongue Pipa; Heremakono, du Mauritanien Abderrahmane Sissako; Nahla, l’unique long métrage de l’Algérien Farouk Beloufa. Pour les cinéastes aux longues filmographies, la programmation présente une œuvre moins connue du public: Finyé, du Malien Souleymane Cissé; Emitaï, du Sénégalais Ousmane Sembène; Les eaux noires, de l’Égyptien Youssef Chahine…
Afin d’étendre les propositions et les correspondances, des œuvres de la diaspora afro-descendante seront également présentes: Pressure, du Trinidadien basé à Londres Horace Hové; Da cierta maniera, de la Cubaine Sara Gomes; Four women, de l’africaine-américaine Julie Dash…
Le continent africain a toujours été ouvert, il regarde aussi dehors: Pierre Yaméogo a réalisé le film Silmandé, autour de la communauté libanaise au Burkina Faso; le Congolais Joseph Kumbela est allé́ en Chine pour son court métrage L’Étranger venu d’Afrique; le Nigérian Ola Balogun a tourné Black Goddess au Brésil; l’africain-américain Ossie Davis a réalisé deux longs métrages au Nigéria…
La programmation s’adresse également à de jeunes spectateurs: Samba le grand, du Nigérien Moustapha Alassane; Muona Mboka, du Congolais Jean-Michel Kibushi Ndjate Wooto; les fictions plus contemporaines comme Mwansa The Great, du Zambien Rungano Nyoni, et Da Yie, du Ghanéen Anthony N’ti.
La forme documentaire compte également de très beaux films comme la série Trésors des poubelles (Diplomate à la tomate ou Aqua) du Sénégalais Samba Félix N’Diaye. Et quant à la sélection de films d’art: 11 Drawings for projection, de William Kentridge, Habiter le Monde d’Hamedine Kane, An excavation of Us, de Shirley Bruno…
Des master-classes, des leçons cinéma…
Soucieux d’inscrire le continent dans le chant du monde, le cycle Tigritudes propose également deux master-classes, six leçons gratuites de cinéma et des rencontres transversales. Des artistes d’autres champs disciplinaires (peinture, musique, photographie…) et des intellectuels de différents horizons (philosophes, politistes, historiens…) dialogueront autour des œuvres artistiques afin de croiser les perspectives, les esthétiques et les générations.
À l’initiative de Tigritudes se trouvent deux cinéphiles et réalisatrices Dyana Gaye et Valérie Osouf. Le cycle est coproduit par le Forum des images et la Saison Africa2020.
Infos pratiques
2, rue du cinéma, 75001 Paris | |
Du 12 janvier au 27 février 2022 | |
Site internet |