Piinpi: mode aborigène australienne militante et (très!) étonnante

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Créations de Trudy Inkamala, Marlene Rubuntja, Roxanne Olivier, Rosabella Ryder et Rhonda Sharpe / © PARISCOSMOP

Un nouveau courant en train de devenir un phénomène de mode national. L’exposition Piinpi: mode aborigène contemporaine revendique la place des aborigènes dans la création de prêts-à-porter et valorise une esthétique comparable à celle de grandes maisons de couture. L’ambassade d’Australie (15e), dans le cadre de la manifestation Australia Now, accueille une belle sélection de créateurs issus des premières nations qui définissent la mode autochtone d’aujourd’hui et de demain. Un rendez-vous incontournable du fait de sa rareté (première fois en Europe) à saisir jusqu’au 19 avril 2022. Entrée libre de lundi à vendredi.

Les vêtements et objets présents dans cette exposition reflètent la résilience des peuples autochtones d’aujourd’hui. Les principales sources d’inspiration pour de nombreux artistes des premières nations sont les réseaux de rivières, les cours d’eau, la flore et la faune natives. Leurs pratiques culturelles et artistiques sont façonnées par une connexion spirituelle profonde à la terre, à leur communauté et à leurs identités.

L’exposition s’articule autour de quatre saisons. La première, la saison du feu et de la fumée, expose la collection Resort ’20 de la marque de luxe australienne Maara. Il s’agit d’une collaboration entre la fondatrice de cette maison de mode et trois femmes maîtres du tissage. Ces dernières ont apporté leur grand savoir-faire culturel et leur fine connaissance des plantes et des fibres natives. Les couleurs des vêtements en soie font écho au paysage australien: jaune ocre, orange et brun. Ces créations répondent à la puissance visuelle des tissages de pandanus, un arbre dont le feuillage fournit de précieuses fibres textiles.

La saison des pluies montre une collection pleine d’imagination. Avec leur palette de couleurs vives, les vêtements dégagent une énergie envoûtante et une certaine liberté d’expression, les motifs étant peints directement sur le tissu. Les artistes de Yarrenyty Altere, basés au coeur d’Alice Springs, s’inspirent de leur communauté pour immortaliser leur vie quotidienne. Des oiseaux, des plantes, des passants ainsi que des sculptures souples figurent dans ces créations fantaisistes.

La saison des fleurs présente la collection Wubuul Buii, un travail collectif entre les femmes du centre artistique de Hope Vale (péninsule du Cap York) et les étudiants de mode de l’Université de technologie du Queensland. Ici il s’agit notamment de l’impression textile à partir de la linogravure et la sérigraphie. Pour les Gamba Gama (les femmes aînées de Hope Vale), la création textile consiste à partager les connaissances culturelles et rituels traditionnels, dont la récolte de plantes et d’aliments natifs dans le bush.

La dernière saison, celle des vents frais, s’inspire des principes du développement durable et de la slow fashion. En étroite collaboration avec les gardes forestiers locaux, les artistes du centre d’art de Anindilyakwa, au large de la côte nord de l’Australie, utilisent des débris rejetés par l’océan. Les filets de pêche abandonnés et autres déchets servent à créer des œuvres d’art-à-porter et des articles de mode tels que des paniers, des dilly-bags et des vêtements en soie teinte. Mention spéciale à la pièce de l’artiste Djarra Rodney Carter, un manteau en peau d’opossum qui représente une expression forte de son identité et de la continuité de sa culture.

Hors les quatre saisons décrites, l’exposition a une place spéciale pour la collection de streetwear «Blak and Deadly». Pour les peuples des premières nations, le terme Blak sert à revendiquer l’histoire, la symbolique, les stéréotypes et les représentations romancées des peuples Noirs. La créatrice Teagan Cowlishaw propose ici des collections audacieuses qui libèrent la prochaine génération de jeunes aborigènes. En intégrant des mots d’argot autochtone comme Deadly (qui signifie cool ou excellent), ses créations sont l’incarnation du Blak empowerment. La créatrice Shannon Brett, quant à elle, a créé la collection Femme Gem pour célébrer la diversité sexuelle des aborigènes.

Une petite sélection de l’exposition est également présente à l’Observatoire, au 5e étage du BHV-Marais et jusqu’au 27 février, dans le cadre de l’opération promotionnelle Couleurs Australie. Piinpi: mode aborigène contemporaine est une proposition du Musée de Bendigo, une ville au nord de Melbourne, sous le commissariat de la curatrice d’art aborigène Shonae Hobson. Tous les vêtements exposés sont issus de la collection de mode australienne du musée.  

 

Infos pratiques

 

4, rue Jean Rey 75015 Paris
Jusqu’au 19 avril 2022)
Site internet