La civilisation égyptienne ne cesse de fasciner. On vous propose de partir loin dans le temps et l’espace mais, bien entendu, on reste à Paris. On l’appelait l’Égyptomanie dans la France de la fin du XVIIIe siècle. Pourtant, cet engouement pour l’Égypte antique est toujours d’actualité. L’Égypte à Paris : découverte !
Maison de l’Égypte
La Maison de l’Égypte à la Cité internationale universitaire (14e) surprend. Elle est l’œuvre d’une équipe d’architectes franco-égyptienne Sam architectes et Dar Arafa architecture. Malgré les échafaudages encore sur place, on peut déjà admirer les hiéroglyphes gravés dans la façade Est. Ces signes en égyptien ancien proviennent de textes traitant de la quête du savoir. Il s’agit d’extraits de la prière à Thot, dieu de la sagesse, et de la profession de foi du scribe dans le papyrus Lansing. Voici un court passage: «Plus utile un livre qu’une demeure de maçon, qu’un édifice à l’occident. Il est meilleur qu’un manoir établi, qu’une stèle dans le temple».
L’Obélisque de Louxor
Quand on pose la question de quel est le plus ancien monument de Paris, trois réponses sont presque invariablement évoquées: Notre-Dame de Paris, l’enceinte Philippe Auguste et les Arènes de Lutèce. La bonne réponse se trouve exactement au centre de la Place de la Concorde, dans le 8e. L’Obélisque de Louxor, âgé de plus de 3 300 ans, vient de se faire une cure de jouvence.
Protégé par une bâche pendant les récents travaux de restauration, il a retrouvé tout son éclat d’origine. Avant qu’il ne soit offert à la France par Méhémet Ali, vice-roi d’Égypte, en 1830, il se dressait à l’entrée du temple de Louxor. D’ailleurs, il n’était pas le seul. À ses côtés, il y en avait un autre de même proportion. Tous deux ont été offerts «pour servir éternellement de lien entre les deux pays». Mais finalement un seul a été transporté en France. Vivement l’Égypte à Paris.
Le Louvre: pyramide, cour carrée et antiquités
On s’éloigne de la place de la Concorde, on traverse le Jardin de Tuileries et on arrive à la Pyramide du Louvre. En s’inspirant clairement des pyramides du site de Gizeh en Égypte, l’œuvre de l’architecte sino-états-unien Ming Pei devient un clin d’œil à l’histoire. Les pyramides sont la première forme d’architecture monumentale jamais réalisée par l’être humain. Ce choix de Ming Pei est également une façon de faire référence aux collections égyptiennes du musée.
Pénétrons maintenant la Cour carrée du Louvre. Ici, le Nil adossé à une pyramide. Là, Isis nue jusqu’à la ceinture et assise sur un siège gravé de pseudo-hiéroglyphes. Là-bas encore, l’impératrice Cléopâtre avec un serpent dans une main. Plus loin, l’Archéologie tient la statuette d’un pharaon… Chaque sculpture est l’œuvre d’un artiste différent. Chacune a été réalisée plus tard ou plus tôt dans le temps. Toutes nous racontent une histoire lointaine qui devient présente sous nos yeux émerveillés.
Une frise, une place, un passage, un ciné…
On va maintenant dans le 8e, pas loin du Louvre. Les frises du Grand Palais ont été construites à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900. Fractionnées en dix panneaux, elles célèbrent l’art au travers des civilisations connues. L’Égypte n’échappera pas à votre œil avisé! Mais peut-être que les travaux de restauration du bâtiment vont vous obliger à reporter votre visite à une date ultérieure. Nous allons donc nous éloigner du 8e arrondissement et nous rendre dans le 2e.
On sait qu’on se rapproche de la Place et du Passage du Caire quand les rues du 2e arrondissement commencent à avoir des noms qui évoquent l‘Égypte: d’Alexandrie, du Nil, d’Aboukir, du Caire… C’est sans doute la façade de l’immeuble de cinq étages du numéro 2 de la Place du Caire qui attirera votre regard. Trois têtes représentant la déesse Hathor, corniche à gorge au sommet, hiéroglyphes, disque ailé surmontant l’entrée du Passage du Caire… Cet ensemble a été réalisé en 1828 par l’architecte Berthier dans un style «retour d’Égypte».
Magnifiquement rénové depuis 2013, le Louxor – Palais du cinéma, trône au carrefour des 9e, 10e et 18e arrondissements de Paris. Inscrit aux Monuments historiques, le bâtiment est un remarquable exemple de l’architecture antique des années 1920. La façade néo-égyptienne est de l’architecte Henri Zipcy.
…Et deux fontaines
Le chapiteau égyptien de type palmiforme donne son nom à la fontaine de la Place du Chatêlet. La Fontaine du palmier commémore plusieurs batailles victorieuses de Napoléon, dont celle des Pyramides lors de la campagne d’Égypte. Chacun des quatre sphinx est représenté couché, portant un némès (coiffe emblématique des pharaons) et orné d’un cobra qui évoque l’œil brûlant et protecteur de Rê (dieu solaire, créateur de l’univers dans la mythologie égyptienne).
Une autre fontaine, celle du Fellah, dans le 7e arrondissement, est l’une des plus insolites de Paris et un bel exemple du style néo-égyptien. Fellah évoque un paysan arabe d’Égypte. Mais certains y voient plutôt la statue d’Antinoüs, le favori de l’empereur Hadrien. Ceci correspond à une autre histoire et à une autre civilisation. Restons en Égypte sans quitter Paris.