Article

Une citoyenne française restitue au Guatemala une stèle maya

De gauche à droite: la directrice générale de l’UNESCO Audrey Azoulay, l’ambassadeur du Gatemala en France Francisco Gross Hernández et la collectionneuse privée Manichak Aurance © UNESCO – Christelle Alix

Temps de lecture: 2 minutes

Par Wilson OSORIO

 

La restitution du patrimoine n’est pas seulement une affaire entre les états. La citoyenne française et collectionneuse privée Manichak Aurance a restitué volontairement au Guatemala le fragment d’une stèle maya pillé dans les années 1960. Cette restitution a eu lieu au siège de l’UNESCO à Paris le 25 octobre dernier. Cette même semaine le Musée du quai Branly a inauguré l’exposition Bénin, la restitution de 26 œuvres des trésors royaux d’Abomey. Heureuse coïncidence.

 

«Il existe aujourd’hui une dynamique internationale en faveur du retour des œuvres emblématiques à leur pays d’origine. La Convention de 1970 de l’UNESCO pour la lutte contre le trafic illicite d’objets culturels joue un rôle essentiel pour y parvenir en créant les conditions du dialogue. Nous avons ici réussi à combiner la coopération internationale et la bonne volonté d’un collectionneur privé: c’est un exemple à suivre», a signalé Mme Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, pendant l’acte de restitution.

 

Le site archéologique de Piedras Negras, l’un des lieux culturels les plus importants du Guatemala, a été pillé au début du conflit armé guatémaltèque (1960-1997). Des stèles et des éléments architecturaux ont été sciés en morceaux, transportés vers le Mexique, puis vendus principalement dans des collections privées aux États-Unis et en Europe. La stèle restituée montre la partie supérieure de la coiffe d’un ancien souverain qui a accédé au trône en l’an 729 de notre ère. Elle pèse près de 18 kilos et mesure 48 x 46 x 6 cm.

 

La stèle est réapparue à Paris en 2019 lors d’une vente aux enchères chez Drouot. «Mercredi 18 septembre, la maison Millon dispersera à Drouot la précieuse collection d’art précolombien de Manichak et Jean Aurance», annonçait le communiqué de presse. Sur demande des autorités guatémaltèques, le fragment a immédiatement été retiré de la vente. La stèle avait été photographiée in situ par des archéologues à la fin du XIXe siècle, prouvant ainsi son origine.

 

Pendant son discours de lundi 25 octobre, Mme Azoulay s’est ainsi adressée à la collectionneuse Manichak Aurance, présente à l’acte: «il y a deux ans lorsque vous vous apprêtiez à disperser la collection que vous aviez construite avec votre époux, Jean Aurance, une conversation s’est engagée à l’initiative vigilante du Guatemala et l’aide soutenue de l’UNESCO… Aujourd’hui c’est une belle histoire, ce retour volontaire de la pièce, qui avait été propriété d’autres collectionneurs avant vous, je tiens à le dire, c’est une décision courageuse, très bienvenue, très appréciée».

 

L’ambassadeur du Guatemala en France Francisco Gross Hernández a remercié à son tour la restitution: «je suis profondément heureux de pouvoir saluer la volonté de Mme Manichak Aurance pour accepter de remettre volontairement le fragment qui a été pris sur notre terre». Il a cependant appelé les pays et l’UNESCO à en faire plus, expliquant que seulement 5% environ des œuvres réclamées par le pays lui ont été restituées.

 

«Mon vœu le plus cher est que le fragment rejoigne le reste de la fresque», a déclaré Mme Aurance lors de la cérémonie de remise. Elle a reçu des mains de l’ambassadeur du Guatemala un document de remerciement en espagnol qui décrivait son geste comme un acte de «respeto, buena fe, integridad y cooperación». Le fragment de la stèle sera bientôt envoyé au Musée national d’archéologie et d’ethnologie du Guatemala, où il pourra être admiré par des visiteurs nationaux et internationaux.

 

Le site archéologique maya de Piedras Negras, d’où est originaire la pièce restituée, était l’une des villes les plus grandes et importantes de la région de l’époque préhispanique maya. Ce sont cependant ses stèles et ses panneaux gravés, de la plus haute qualité dans la région maya, qui ont bâti sa notoriété. C’est aussi à Piedras Negras, à la fin des années 1930, que l’archéologue Tatiana Proskouriakoff, a déchiffré pour la première fois les inscriptions sur les stèles.

 

Le Guatemala est signataire de la Convention de l’UNESCO de 1970. Elle consigne les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels. 141 états du monde entier l’ont jusqu’à présent ratifiée.

> + Encore !