Le Musée national de l’histoire de l’immigration commémore
le 17 octobre 1961

Plaque commémorative du pont Saint-Michel (5e), apposée en 2001 par Bertrand Delanoë, maire de Paris / FSouici – Wikimedia Commons

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L’un des épisodes les plus sombres de l’histoire française, et la répression la plus meurtrière en Europe de l’Ouest après la Seconde Guerre mondiale. Le 17 octobre 1961, la police réprime violemment une manifestation pacifique d’Algériens à Paris: de nombreux morts et plus 12 000 arrestations. Le Musée national de l’histoire de l’immigration commémore le 60e anniversaire de cette date sanglante. Ce samedi 16 octobre, Benjamin Stora, auteur du récent rapport sur la colonisation et la guerre d’Algérie, est l’un des invités à une conférence-débat.

 

Le directeur général du Palais de la Porte Dorée, Pap Ndiaye, affirme «la répression de la manifestation du 17 octobre est l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire des décolonisations. Il est essentiel de l’étudier, d’en parler, de reconnaître les crimes commis par les représentants de l’État. Cet événement n’est pas qu’un objet d’étude pour les historiens, il est tout aussi important pour les mémoires blessées des descendants des victimes et, d’une manière générale, pour l’ensemble de la société».

 

Avec cette commémoration, le Musée national de l’histoire de l’immigration continue à mettre de la lumière sur un événement dont plusieurs faits restent encore opaques aujourd’hui. Le temps fort de cette commémoration est la conférence-débat 17 octobre 1961: l’État, la violence coloniale et nous! qui se tiendra ce samedi à 18h. L’historien Benjamin Stora et l’écrivaine Faïza Guène parleront de politique mémorielle et répondront la question: comment commémorer les victimes des crimes coloniaux français?

 

La programmation inclue également la lecture théâtralisée Monique H, Nanterre 1961; la projection du film Vivre au paradis en présence de son réalisateur Bourlem Guerdjou; une lecture des textes portant sur les mémoires de la manifestation du 17 octobre 1961 suivie d’un échange avec l’écrivain et cinéaste Mehdi Charef; et la performance AfreeCaniste pendant laquelle le chanteur et romancier Mounsi propose une soirée autour de musique et lecture.

 

Dossier documentaire

 

Un riche dossier documentaire est aussi accessible sur le site internet du musée. On y trouve notamment un entretien découpé en trois parties. L’historien Emmanuel Blanchard et le journaliste et réalisateur Mogniss H. Abdallah tentent de faire un état des connaissances vu de France sur l’événement du 17 octobre 1961. Voici quelques faits mentionnés dans ce travail audiovisuel qui mettent en contexte la commémoration de cette date tragique.

 

«Le 17 octobre 1961, 30 000 Algériens manifestent à Paris à l’appel du FLN contre un nouveau couvre-feu imposé aux Français musulmans d’Algérie. La préfecture de Police réplique par une répression qui fait de nombreux morts et entraîne plus de 12 000 arrestations. Pendant longtemps ces faits sont passés sous silence.

 

«Entre mensonge d’État, effacement et travaux peu connus, l’histoire du 17 octobre met longtemps à s’écrire. Il faut attendre les travaux de l’historien Jean-Luc Einaudi au début des années 90 pour qu’un récit historique s’impose et se diffuse plus largement. La question du nombre des morts polarise longtemps les débats. Les faits étant désormais mieux établis, historiens et chercheurs tentent maintenant d’éclaircir les enjeux et les choix politiques sous-jacents à ce massacre.

 

«La mémoire du 17 octobre 1961 s’est transmise dans l’immigration, notamment algérienne et au-delà. Si la parole des parents a mis longtemps à devenir audible, leurs enfants vont remettre en avant cette mémoire à partir des années 80. Des années 90 aux années 2020, ils vont œuvrer aux côtés de nombreuses associations et personnalités à la reconnaissance du massacre du 17 octobre 1961 par la société française».

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